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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 22:21

Egypte

- Hosni Moubarak ne se représentera pas à la présidentielle de septembre
   "Le président égyptien a annoncé qu'il ne souhaitait pas se représenter à l'élection présidentielle de septembre et qu'il allait demander au Parlement une réforme de la Constitution, dans une allocution à la télévision publique. M. Moubarak a par ailleurs appelé au calme au terme d'une journée où plus d'un million de personnes ont manifesté dans le pays contre le régime en place."

- Les Egyptiens réclament en masse le départ de Moubarak, Maroua Aouad & Andrew Hammond (Reuters) - "certains opposants s'emploient à poser des jalons pour l'après-Moubarak".
http://fr.news.yahoo.com/4/20110201/twl-egypte-mo-bd5ae06.html
   "Au moins un million d'Egyptiens sont descendus dans les rues mardi pour réclamer le départ du président Hosni Moubarak, dont l'opposition fait une condition préalable à tout dialogue avec les autorités. Sous l'oeil bienveillant des militaires, au moins 200.000 Cairotes se sont massés sur la place Tahrir, dans le coeur de la capitale, qui est devenue depuis une semaine le point de ralliement de la contestation. [...]
    Si la situation semble momentanément figée, certains opposants s'emploient à poser des jalons pour l'après-Moubarak. C'est le cas de Mohamed al Beltagi [ancien député des Frères musulmans], qui estime qu'un "conseil" devrait assurer l'intérim du pouvoir pendant trois mois, le temps d'organiser des élections législatives dont sortirait un gouvernement chargé de conduire le pays pendant une durée de deux ans. Ce gouvernement aurait pour mission de faire adopter des réformes constitutionnelles, en préalable à la tenue de nouvelles élections législatives.
    Quant à Kamel El Helbaoui, personnalité éminente de l'organisation des Frères musulmans, il estime que le chef d'état-major des armées, le général Sami Enan, serait un candidat possible pour succéder à Moubarak, étant donné sa réputation d'homme incorruptible. [...]"

- Egypte : le chef des Frères musulmans accuse Israël d'être un Etat terroriste (Guysen)
http://www.guysen.com/news_Egypte-le-chef-des-Freres-musulmans-accuse-Israel-d-etre-un-Etat-terroriste_302034.html
   "Le chef des Frères musulmans égyptiens, Mohamed Badïa, affirme ''reconnaître les droits des juifs mais pas ceux d'Israël, qui est un Etat terroriste''. Propos tenus dans une interview à la chaîne Sky News."
- Muslim Brotherhood leader wants to ready Egyptians for war with Israel (Elder of Ziyon) - les sources originales de la déclaration belliqueuse d'hier d'un leader des Frères musulmans.
http://elderofziyon.blogspot.com/2011/02/mb-leader-wants-to-ready-egyptians-for.html
- Muslim Brotherhood on El Baradei: "He's only temporary" (Elder of Ziyon)
http://elderofziyon.blogspot.com/2011/02/muslim-brotherhood-on-el-baradei-hes.html
   "From this Russia Today video, starting around 2:15, interviewing a Muslim Brotherhood member, Mohammed El Baltagy: "We didn't choose El Baradei. We chose him only for a short period of change. He's only temporary." Notice how el-Baltagy phrases it, as if the Muslim Brotherhood is calling the shots of the current uprising and using players as pawns to gain leadership. El Baltagy is a major figure in the Muslim Brotherhood. [...]"
- Une loyauté à l’épreuve, Alex Fishman (Yediot Aharonot) - les Frères musulmans pourraient "rapatrier des groupes d’exilés et notamment le cheikh Youssef al-Qardaoui dont les interventions sur al-Jazira sont très populaires en Egypte".
http://www.ambafrance-il.org/REVUE-DE-PRESSE-Mardi-1er-fevrier.html
   "[...] On a peu entendu les Frères musulmans au cours des premiers jours de manifestation dont l’ampleur les a surpris. Aujourd’hui en revanche, ils sont un des moteurs de la « marche du million ».
    Le point faible de l’opposition égyptienne ce sont ses dirigeants. En réalité, personne n’est capable d’unir le peuple et de lui offrir une alternative au régime actuel. Même les Frères musulmans ont du mal aujourd’hui à mettre en avant des personnalités d’une stature équivalente à un Khomeiny. Ce qu’ils pourraient faire c’est profiter de la crise pour rapatrier des groupes d’exilés et notamment le cheikh Youssef al-Qardaoui dont les interventions sur al-Jazira sont très populaires en Egypte et dans le monde arabe."

- Haut responsable égyptien : "Moubarak n'a aucunement l'intention de démissionner" (Guysen)
http://www.guysen.com/news_Haut-responsable-egyptien-Moubarak-n-a-aucunement-l-intention-de-demissionner-_302051.html
   "Alors que plus d'un million de personnes sont rassemblées sur place Al Tahir au Caire, exigeant le départ du président Hosni Moubarak, un haut responsable égyptien a déclaré qu'aucun scénario envisageant le transfert des pouvoirs du président au vice-président n'a été envisagé. "Le président Moubarak n'a aucunement l'intention de quitter le pouvoir", a déclaré le haut responsable égyptien. L'opposant Mohamed ElBaradei a lancé un ultimatum au Raïs égyptien, lui laissant jusqu'à vendredi pour se retirer et quitter le pays."
- Moubarak n'a pas encore reçu de signal clair de l'armée pour partir, Georges Malbrunot (Blog Le Figaro)
http://blog.lefigaro.fr/malbrunot/2011/02/moubarak-na-pas-encore-recu-de.html
   "Après une semaine de manifestations appelant à son départ du pouvoir, le vieux raïs fait de la résistance. « Moubarak ne veut pas lâcher prise, il n’a pas encore compris le message », affirme un diplomate au Caire. « Il se sent réconforté par les apparatchiks de l’armée. Il n’a pas encore reçu le signal » clair de celle-ci l’appelant à partir, ajoute cette source, qui redoute cette journée de tous les dangers au Caire et dans les autres villes du pays. Selon ce diplomate, « cet attentisme est très dangereux, parce que si l’armé tire ou si la situation s’éternise, cela va entraîner le chaos ».
    Un diplomate arabe poursuit : « seule sa famille et l’armée peuvent lui demander de partir ». Mais l’armée semble encore hésiter. « Quand Moubarak s’est déplacé le week-end dernier au centre opérationnel de l’armée, cela veut dire qu’il se considérait encore comme le maître de cette armée dont il est issu, que celle-ci le suivait». [...]"

- En Égypte, les généraux détiennent les clés du pays, Jean-Jacques Mevel & Tangi Salaün (Le Figaro) - "l'armée a beaucoup à perdre d'un enlisement de la crise, synonyme d'effondrement durable de l'économie du pays".
http://www.lefigaro.fr/international/2011/01/31/01003-20110131ARTFIG00711-l-europe-plaide-pour-des-elections-libres-en-egypte.php
   "[...] L'attitude de l'armée fait depuis le début de la contestation l'objet de toutes les spéculations. Beaucoup d'experts voient dans le flottement des derniers jours le signe de dissensions au sein de la hiérarchie militaire. Pour compliquer les choses, les deux hommes de confiance nommés dimanche par Hosni Moubarak, le premier ministre Ahmed Chafiq, ancien commandant en chef des forces aériennes, et le vice-président Omar Souleiman, ex-chef des services de renseignements militaires, ont la réputation de ne pas entretenir les meilleures relations. Ajoutant à la confusion, les deux hommes se sont dits, l'un après l'autre lundi, mandatés pour dialoguer avec l'opposition.
    Outre son image de «protectrice» du peuple et de garante de la Constitution, Al-Geish (l'armée) a beaucoup à perdre d'un enlisement de la crise, synonyme d'effondrement durable de l'économie du pays. Depuis la signature de la paix avec Israël en 1978, l'armée, privée d'ennemi déclaré - même si elle continue de regarder son voisin avec méfiance, voire hostilité -, s'est en effet progressivement reconvertie en premier entrepreneur du pays. Non seulement dans l'industrie de l'armement, mais aussi dans des secteurs civils, comme le BTP, la production de biens de consommation et même le tourisme.
    Les militaires construisent des ponts, des autoroutes et des réfrigérateurs. L'armée produit de l'eau, de l'huile d'olive et de l'essence. Elle gère des hôpitaux, des hôtels sur la mer Rouge, possède de vastes domaines dans le delta du Nil et pratiquement tout le littoral ainsi que les terres désertiques du pays. En 2008, lorsque la flambée des cours mondiaux des matières premières agricoles a provoqué une pénurie du pain subventionné, menaçant de dégénérer en émeutes, ce sont les fours militaires que le président Moubarak a mobilisés pour rétablir la situation.
    À quoi ont servi les quelque 27 milliards d'euros d'aide américaine qu'elle a reçus depuis la signature des accords de Camp David ? Difficile de le dire: son budget est secret, comme à peu près tout ce qui la concerne. Même ses effectifs prêtent à interrogation. On les estime entre 400.000 et 500.000 hommes, dont 20.000 dans la garde présidentielle, l'unité d'élite de Hosni Moubarak.
    Les États-Unis, en tout cas, aimeraient la voir évoluer et consacrer davantage d'argent, selon un télégramme diplomatique révélé par WikiLeaks, à la lutte antiterroriste plutôt qu'à l'achat de matériel conventionnel, comme les chars Abraham stationnés depuis quelques jours dans les rues des grandes villes égyptiennes.
    Le chef d'état-major des armées, le général Sami Annan, s'entretenait avec son homologue américain à Washington quand l'armée a repris les choses en main. Rentré précipitamment samedi au Caire, il serait pour beaucoup dans la décision de l'armée de ne pas intervenir contre la foule. L'an dernier, il aurait fait part au président Moubarak de l'hostilité des généraux à un scénario de transmission héréditaire du pouvoir à son fils Gamal. Une hypothèse très impopulaire dans la population."

- Fantasmes sur des livraisons d'armes israéliennes au pouvoir égyptien, Gerard Fredj (Israël Infos)
http://www.israel-infos.net/EGYPTE--Fantasmes-sur-des-livraisons-d-armes-israeliennes-au-pouvoir-egyptien-6029.html
   "On aurait pu s’en douter, il aura fallu moins d’une semaine pour qu’Israël soit accusé de tous les maux de la rue en Égypte. Le « Quotidien d’Algérie » rapporte que la chaîne de Télévision Qatari Al Jazeera a interviewé deux égyptiens, présentés comme l’un, Omar AFIFI, ancien colonel de la police et , l'autre, Loï DIB, « militant des Droits de l’Homme » qui ont rapporté que plusieurs avions israéliens en provenance de Chypre auraient atterri au Caire dimanche matin, afin de livrer aux forces armées égyptiennes des armements anti-émeute. Ces deux interlocuteurs se sont empressées de prévenir "qu’un bain de sang était planifié entre Israël et le régime traître de Moubarak contre le peuple égyptien pour le punir de s’être soulevé". Lieberman, ministre israélien des Affaires étrangères, a formellement démenti cette information."

- Son seul soutien, Eli Berdenstein (Maariv) - "Des responsables israéliens ont critiqué le Premier ministre Netanyahu".
http://www.ambafrance-il.org/REVUE-DE-PRESSE-Mardi-1er-fevrier.html
   "[...] Hier, lors de sa conférence de presse conjointe avec la chancelière allemande, Angela Merkel, M. Netanyahu a affirmé que sa plus grande crainte est que, si le régime du président Moubarak est renversé, il soit remplacé par un régime islamique radical. [...] « Quand il y a des bouleversements rapides sans que l’on ait l’assise d’une démocratie moderne, on risque de voir se développer, et cela a déjà été le cas dans plusieurs pays comme l’Iran, un régime d’oppression islamique radical. Dans un tel régime on foule aux pieds les droits de l’homme et, dans le même temps, cela représente un terrible danger pour la paix. C’est cela ma crainte et elle est partagée par de nombreux autres dirigeants avec qui je me suis entretenu », a-t-il déclaré avant d’ajouter : « Nous espérons tous que la stabilité sera rétablie et que la paix avec l’Egypte perdure. Je sais que l’instabilité actuelle en Egypte n’a pas pour origine l’islam radical mais je sais aussi que dans une situation de chaos, des éléments islamistes organisés pourraient prendre le contrôle de l’Egypte. Notre objectif est de préserver la paix, la stabilité et la sécurité. Nul d’entre nous ne veut d’un retour en arrière ».
    La chancelière Merkel n’était elle pas convaincue : « Nous reconnaissons que le président Moubarak a œuvré à la paix avec Israël. Néanmoins, lors de mon entretien avec M. Moubarak je lui ai dit qu’il est nécessaire de mener un dialogue avec les Egyptiens qui ont des doléances, qui souffrent de problèmes et qui veulent exprimer leurs opinions et qu’on ne peut pas les réprimer. L’opposition n’est pas représentée, il y a en Egypte des problèmes d’équilibre social. La liberté d’expression et les droits du citoyen sont importants et je ne peux avoir des principes qui diffèrent d’un pays à l’autre », a-t-elle déclaré.
    Des responsables israéliens ont critiqué le Premier ministre Netanyahu : « Les intérêts nationaux d’Israël sont importants mais on ne peut être aussi insensible à ce qui se passe en Egypte actuellement. Il est vrai que tout le monde s’est tu pendant toutes ces années mais à présent, quand tout explose et qu’un changement est possible, Netanyahu devrait adopter une position plus morale ». Un autre responsable israélien a réagi à ces propos : « Ce n’est pas à nous de dire cela aux Egyptiens. La communauté internationale est hypocrite, le Maroc occupe le Sahara occidental, en Arabie saoudite on crucifie les voleurs, et personne ne les accuse de répression. Netanyahu a trouvé le juste milieu entre la fidélité à des principes sociaux et des propos responsables ». [...]"
- Netanyahou : "la communauté internationale doit exiger de tout gouvernement égyptien qu'il respecte le traité de paix avec Israël" (Guysen)
http://www.guysen.com/news_Netanyahou-la-communaute-internationale-doit-exiger-de-tout-gouvernement-egyptie_302065.html
   "Israël a appelé mardi la communauté internationale à exiger de tout pouvoir égyptien le respect du traité de paix avec l'Etat hébreu, selon un communiqué du bureau du Premier ministre Binyamin Netanyahou. "Israël considère que la communauté internationale doit exiger de tout gouvernement égyptien qu'il respecte le traité de paix avec Israël", a indiqué le communiqué, soulignant qu'"il est dans l'intérêt d'Israël de préserver la paix avec l'Egypte"."
- Peres : "La démocratie n'est pas qu'une affaire d'élections" (JP) - "La véritable démocratie débute le jour suivant les élections, en accordant les droits de l'homme à ses concitoyens".
http://fr.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1295256761833&pagename=JFrench%2FJPArticle%2FShowFull
   "Le président israélien Shimon Peres a rencontré la chancelière allemande Angela Merkel à Beit Hanassi mardi. Ils ont évoqué l'Egypte, les pourparlers de paix et le programme nucléaire iranien. Lors de cette réunion, Peres a rappelé que le monde avait pu constater le résultat d'élections démocratiques à Gaza, lorsque le Hamas a été élu. "La démocratie ne commence pas et ne finit pas par des élections," indique-t-il. "La véritable démocratie débute le jour suivant les élections, en accordant les droits de l'homme à ses concitoyens et en se souciant de leur bien-être." Peres poursuit : "Si une dictature religieuse extrémiste arrive au pouvoir le jour qui suit des élections démocratiques, à quoi servent donc des élections démocratiques ?" [...]"

- Iran : ''Une révolution en Egypte créera un Moyen-Orient islamique'' (Guysen)
http://www.guysen.com/news_Iran-Un-putsch-en-Egypte-creera-un-Moyen-Orient-islamique-_302016.html
   "Le nouveau ministre iranien des Affaires étrangères, Mohamed Akbar Salehi, a affirmé ce mardi à la télévision iranienne que la révolution en Egypte ''créera un Moyen-Orient islamique'' et a condamné l'ingérence des Etats-Unis et ses tentatives pour ''perturber'' le mouvement populaire pour la liberté."

- La crise en Egypte, un défi pour la diplomatie européenne, qui mise sur une transition pacifique et ordonnée, Philippe Ricard (Le Monde) - "Certains voient l'Egypte comme une grande Tunisie, mais la plupart font plutôt le parallèle avec l'Iran".
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/02/01/la-crise-en-egypte-un-defi-pour-la-diplomatie-europeenne-qui-mise-sur-une-transition-pacifique-et-ordonnee_1473493_3218.html
   "Après la Tunisie, l'Egypte, voire l'Algérie : les événements sur la rive sud de la Méditerranée représentent un défi pour la diplomatie européenne, qui a semblé longtemps plus soucieuse de stabilité que de démocratie. Chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept vont discuter du vent de révolte qui souffle sur le monde arabe lors de leur prochain sommet, vendredi 4 février, à Bruxelles. La réunion devait être initialement consacrée à l'énergie, et à la crise de la zone euro, mais Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, a décidé d'en modifier l'ordre du jour pour analyser la portée d'événements qui prennent de court les Européens. [...]
    Au fond, les Européens sont très partagés. Quelques-uns souhaitent le départ rapide de M. Moubarak, après trente ans de pouvoir. De nombreuses capitales, dont Paris, Berlin, Londres et Rome, craignent au contraire une montée en puissance des mouvements islamistes à la faveur d'un changement précipité de régime. Et considèrent l'Egypte, le seul pays arabe à avoir signé un traité de paix avec Israël, comme un pôle de stabilité dans la région. "Certains voient l'Egypte comme une grande Tunisie, mais la plupart font plutôt le parallèle avec l'Iran", observe un diplomate, pour justifier la prudence générale. "Personne ne veut voir des forces radicales bénéficier de ce processus avec leur propagande intolérante", a indiqué Guido Westerwelle, le ministre allemand des Affaires étrangères. [...]"

- Les Etats-Unis, hésitants sur leur stratégie, envoient un émissaire au Caire, Corine Lesnes (Le Monde) - "les Israéliens ont rappelé à Washington que l'aide militaire est la contrepartie du Traité de paix de mars 1979".
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/02/01/les-etats-unis-hesitants-sur-leur-strategie-envoient-un-emissaire-au-caire_1473491_3218.html
   "Que peuvent faire les Etats-Unis ? L'administration Obama n'a pas l'air elle-même très sûre. Le Conseil national de sécurité a fait venir, lundi 31 janvier, une demi-douzaine de spécialistes de l'Egypte à la Maison Blanche pour les consulter sur les options envisageables. [...] Un ancien ambassadeur en Egypte, Frank Wisner, 72 ans, ayant de bonnes relations avec M. Moubarak, a été envoyé en mission exploratoire lundi par le département d'Etat. Une initiative que certains ont rapprochée de l'envoi par Ronald Reagan du sénateur du Nevada Paul Laxalt auprès de Ferdinand Marcos en 1986, pour signaler au dictateur philippin que le soutien américain avait pris fin (seize heures plus tard, Marcos démissionnait).
    Les Etats-Unis disposent d'une pièce maîtresse pour influencer la transition : l'aide économique et militaire qu'ils fournissent à l'Egypte depuis 1979. Dans les manifestations de soutien aux Egyptiens, des pancartes réclament la suspension des crédits. L'idée a été agitée vendredi par le porte-parole de la Maison Blanche, mais réfutée le lendemain par la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, ajoutant à l'impression d'absence de "clarté", relevée par plusieurs des experts consultés lundi par la Maison Blanche. Selon la presse, les Israéliens ont rappelé à Washington que l'aide militaire est la contrepartie du Traité de paix de mars 1979. Une "compensation intouchable" comme disent les Egyptiens, pour maintenir la paix avec Israël.
    Les Etats-Unis ont fourni depuis 1979 à l'Egypte une aide économique et militaire se chiffrant à 2 milliards de dollars (1,46 milliard d'euros) par an. Pour l'année fiscale 2010, ce montant s'est élevé à 1,55 milliard de dollars au total, ce qui a fait de l'Egypte le cinquième bénéficiaire derrière Israël, l'Afghanistan, le Pakistan et Haïti. Pour 2011, le gouvernement a demandé au congrès d'approuver le même montant, à savoir 1,3 milliard de dollars en aide militaire et 250 millions en aide économique. [...]
    Grâce à sa position stratégique, Hosni Moubarak a toujours réussi à survivre aux pressions. Aujourd'hui, la diplomatie américaine est en pleine introspection. Dans le New York Times, l'éditorialiste conservateur Ross Douthat se demandait dimanche si les attentats du 11 septembre 2001 n'auraient pas été évités si Washington avait basé sa politique sur le respect des droits de l'homme. Ayman Al-Zawahiri, le docteur égyptien, adjoint de Ben Laden, ou Mohammed Atta, étudiant en architecture, n'auraient peut-être pas eu le même ressentiment antiaméricain."

- L'éducation, obstacle à la démocratie en Egypte ?, Lahav Harkov (JP) - "Les livres tunisiens montrent Israël sur leurs cartes et évoque l'Etat hébreu, à la différence de ceux de l'Autorité Palestinienne, d'Iran, d'Egypte et d'autres pays du Moyen-Orient".
http://fr.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1295256761453&pagename=JFrench%2FJPArticle%2FShowFull
   ""Une étude comparative montre que l'on n'a pas appris l'importance de la démocratie et de l'acceptation de l'autre aux Egyptiens". Voilà ce qu'on peut lire dans un rapport publié mardi. Réalisé par l'Institut de Surveillance de la paix et de la tolérance culturelle dans l'éducation (Impact-SE), le rapport souligne par ailleurs que la Tunisie est aussi tolérante qu'Israël. Ces deux pays sont les mieux notés au Moyen-Orient. Le système scolaire égyptien, quant à lui, "réduit les chances de l'émergence d'un gouvernement libéral et démocratique."
    "Les livres scolaires égyptiens exhortent à la tolérance envers les Coptes, appellent à la modération religieuse et à la paix, peut-on lire dans le rapport, mais nient l'existence de l'état d'Israël, et contiennent des propos anti-juifs." "Le programme égyptien insiste sur le sacrifice individuel pour la patrie et sur des récits guerriers, plutôt que sur la paix." Au contraire, les livres tunisiens "prônent l'importance de la négociation, de la paix et du respect d'autrui. Un livre de collège indique que la tolérance est un principe fondamental du Coran" explique le docteur Eldad Pardo, chercheur de l'Impact-SE. "Alors comment se fait-il que certains aient utilisé le livre d'Allah comme un instrument d'extrémisme et d'étroitesse d'esprit ?", demande-t-on aux élèves.
    Les livres tunisiens montrent Israël sur leurs cartes et évoque l'Etat hébreu, à la différence de ceux de l'Autorité Palestinienne, d'Iran, d'Egypte et d'autres pays du Moyen-Orient. L'Egypte, l'Arabie Saoudite et la Syrie sont les moins bien notés. L'Iran arrive dernier. Le rapport de l'Impact-SE se base sur des principes de l'Unesco pour analyser les livres scolaires des pays du Moyen-Orient."

- Entretien avec Denis Bauchard (conseiller spécial pour le Moyen-Orient à l'IFRI) - "Aujourd'hui, l'objectif optimal de l'armée est, sans donner l'impression de lâcher le président Moubarak, d'assurer la pérennité de l'Etat et celle de son propre pouvoir" ; "Il pourrait y avoir un scénario à la turque : un pouvoir dans lequel l'armée est garante d'un certain nombre de valeurs, notamment la laïcité, au cas où les Frères musulmans venaient à participer au pouvoir et seraient tentés de promouvoir la charia".
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/02/01/egypte-l-armee-souhaite-rester-au-pouvoir_1473723_3218.html
   "- Comment interpréter le message de l'armée de lundi soir qui considère les aspirations des manifestants "légitimes" ?
    - La publication de ce communiqué s'est faite dans des conditions étranges. En effet, il a émané de "l'état-major". La raison en est peut-être le souci de montrer qu'il reflétait la position, non d'un haut responsable identifié, mais de l'armée en tant que telle. Il était clair que depuis quelques jours, l'armée n'était pas disposée à tirer sur les manifestants. Mais elle a eu besoin de s'affirmer comme une force, une force pacifique.
    En outre, je pense que si l'on rapproche ce communiqué du fait que le général Omar Souleïmane a été nommé vice-président de la République, il y a un double message. Tout d'abord, la transition est amorcée. En clair, Hosni Moubarak devra partir au plus tard à la fin de son mandat à l'automne de cette année, il ne se représentera pas. Et son fils Gamal ne sera pas candidat. Deuxièmement, l'armée entend rester au pouvoir. Il s'agit là d'un signal envoyé à la communauté internationale et à la population. En somme, il n'y aura pas de transition sans participation active de l'armée.
    - Quel est justement le rôle politique de l'armée en Egypte ?
    - L'armée est au cœur du pouvoir en Egypte. Elle joue un rôle central depuis longtemps : depuis 1952 et l'arrivée du colonel Nasser au pouvoir. Elle détient tous les leviers du pouvoir : le vice-président, Omar Souleïmane, le premier ministre, plusieurs ministères sensibles – défense, intérieur – sont entre ses mains. La plupart des gouverneurs sont issus de l'armée. L'armée est fidèle à l'Etat et au régime. Elle joue également un rôle économique : elle contrôle un certain nombre d'entreprises publiques dans des secteurs très divers, d'Egypt Air à des compagnies pétrolières et bien d'autres. Mais d'ancien militaires sont également à la tête d'un certain nombre d'entreprises privées.
    Aujourd'hui, l'objectif optimal de l'armée est, sans donner l'impression de lâcher le président Moubarak, d'assurer la pérennité de l'Etat et celle de son propre pouvoir. Est-ce que Moubarak va être incité à partir tout de suite ou va-t-il terminer son mandat ? En tout cas, l'armée n'a pas intérêt à donner l'impression de lâcher le président dans la mesure où celui-ci est l'émanation de l'armée.
    - L'armée est au pouvoir, un pouvoir qui est contesté à travers la personnalité de M. Moubarak, pourtant l'armée n'est pas remise en cause. Comment expliquer cette apparente contradiction ?
    - L'armée est restée dans l'ombre et le mécontentement se focalise sur le président personnellement. Il apparaît comme l'homme des Américains, l'homme de la conciliation avec Israël. C'est aussi à lui qu'on attribue toutes les déficiences économiques, le chômage, la pauvreté, la corruption. M. Moubarak est ainsi la personnalité la plus exposée. L'armée n'est donc pas critiquée, elle a toujours conservé une très bonne réputation : elle a une image d'intégrité, la réputation d'assurer la sécurité et la sauvegarde du pays. Elle s'est bien battue en 1973 [lorsque le président Sadate s'est engagé dans la guerre du Kippour contre Israël]. Il y a un sentiment largement positif envers elle au sein de la population.
    C'est donc une situation différente de celle qu'a connue, par exemple, la Tunisie : le président Ben Ali, sa famille et le système étaient remis en cause alors qu'en Egypte, il y a une remise en cause de M. Moubarak mais pas du régime lui-même. Très rares sont ceux qui critiquent le régime militaire, bien que M. Moubarak soit une émanation de l'armée. En outre, l'armée a des privilèges, elle attire des jeunes soucieux de faire carrière, ses métiers sont recherchés, contrairement à la police qui a une image très négative. Car ces dernières années, l'armée n'a jamais eu à réprimer les manifestations, c'est la police qui s'en occupait. Durant les événements récents, elle a eu un rôle de maintien de l'ordre mais de façon statique, par sa seule présence, notamment autour de la place Tahrir.
    - Lundi 31 janvier, le vice-président, Omar Souleïmane, a annoncé l'ouverture d'un dialogue avec l'opposition. L'armée semble devoir jouer un rôle dans cette transition, mais de quelle transition s'agit-il ? L'armée peut-elle apporter la démocratie ?
    - Le général Souleïmane, dans sa brève intervention d'hier soir a souligné qu'il était prêt à réfléchir à certaines dispositions constitutionnelles. Certaines d'entre elles ont un caractère peu démocratique, notamment la nécessité de récolter 250 signatures de parlementaires pour être candidat à l'élection présidentielle, alors que le parti présidentiel contrôle le Parlement. La possibilité de nouvelles élections législatives semble envisagée. En revanche, il faut bien se rendre compte que le Parlement n'est pas fort en Egypte. Il s'agit d'un régime présidentiel. A supposer qu'il y ait une majorité d'opposants au Parlement, cela ne veut pas dire qu'il y aura une réelle opposition. C'est le président qui tient le pouvoir.
    Dans son communiqué, l'armée reconnaît la nécessaire liberté d'expression. Mais la question est de savoir jusqu'à quel point elle est prête à accepter des éléments de démocratie. Il pourrait y avoir un scénario à la turque : un pouvoir dans lequel l'armée est garante d'un certain nombre de valeurs, notamment la laïcité, au cas où les Frères musulmans venaient à participer au pouvoir et seraient tentés de promouvoir la charia. Quoi qu'il en soit, cette période transitoire va être difficile à gérer. La difficulté pour l'armée va être de maintenir sa bonne image tout en ne donnant pas l'impression de lâcher le chef de l'Etat.
    - Les Etats-Unis ont une relation privilégiée avec l'armée égyptienne. Comment peut-on la caractériser ?
    - Elle est ancienne et très forte. Beaucoup d'officiers égyptiens sont allés aux Etats-Unis pour des périodes de formation ou des stages. Les Américains fournissent aussi une aide militaire très importante : sur les 2 milliards de dollars d'aide accordés chaque année, environ la moitié a un caractère militaire. Le chef d'Etat major de l'armée va régulièrement à Washington, où il se trouvait lorsque les troubles ont éclaté. Il y a donc des liens institutionnels et humains. Ceci n'est pas en contradiction avec le discours des Etats-Unis, qui insistent sur la nécessité de répondre aux aspirations de la population, ce qui coïncide exactement avec ce que dit l'armée.
    - Les Frères musulmans sont la principale force d'opposition du pays. Quelles relations entretient l'armée avec la confrérie ?
    - Entre le pouvoir et les Frères musulmans, il y a eu dans le passé une alternance de répression et de dialogue. La confrérie est tenue en suspicion. Elle est théoriquement interdite mais elle est de facto tolérée. Par le passé, il y a eu de grandes vagues répressives à leur égard. Mais depuis quelques années, il y a un modus vivendi. A mon sens, les Frères musulmans ne souhaitent pas affronter le pouvoir. Il y a probablement des contacts maintenus en permanence, y compris au niveau d'Omar Souleïmane."

- Israël : le syndrome de l'encerclement, Jacques Benillouche (Slate.fr) - "La chute de Moubarak pourrait revitaliser tous ceux qui veulent en découdre avec Israël".
http://www.slate.fr/story/33499/israel-egypte-encerclement-guerre-six-jours
   "Israël ne pourra pas se contenter d'être spectateur si un nouveau gouvernement, prenant le pouvoir en Egypte, optait pour une alliance avec les pays ouvertement hostiles. La situation ressemblerait alors à celle qui prévalait à la veille de la Guerre de Six Jours. Le risque de devoir mener une guerre sur plusieurs fronts, au nord avec le Hezbollah et au sud avec le Hamas et l’Egypte n'est pas stratégiquement acceptable par Israël. La restitution du Sinaï à l'Egypte n’avait été acceptée par Israël que contre la signature d’un traité de paix en 1979 qui a toujours été respecté par les deux parties, générant une situation de paix avec la plus grande puissance arabe.
    L’Etat juif observe pour l’instant avec inquiétude l’évolution d’une situation qui pourrait faire tomber les dominos les uns après les autres avec des troubles en Arabie Saoudite, en Jordanie et au Koweït. Ces Etats entrent dans la mouvance des pays arabes modérés pro-occidentaux ayant choisi une attitude pacifique à l’égard d’Israël mais très vulnérables aux risques extérieurs et intérieurs.
    Par ailleurs, le Hezbollah et le Hamas pourraient profiter des troubles en Egypte pour agir sur le terrain. Selon les services de renseignements israéliens, le Hamas profiterait des troubles en Egypte pour augmenter le trafic d'armes à partir du Sinaï en direction de la bande de Gaza par les tunnels de contrebande. En outre, les organisations islamistes palestiniennes envisageraient d’envoyer, depuis Gaza vers le Sinaï, des terroristes chargés d’attaquer Israël par la frontière la plus poreuse avec l’Egypte. Plusieurs prisonniers palestiniens islamistes, dont des membres du Hamas, auraient réussi à s'évader d'une prison d'El-Arish et se seraient réfugiés à Gaza en passant par les tunnels clandestins de Rafiah, à la frontière avec le Sinaï.
    La chute de Moubarak pourrait revitaliser tous ceux qui veulent en découdre avec Israël. L'Iran profite déjà de la situation en appelant les dirigeants égyptiens à se soumettre aux exigences des manifestants et en les exhortant à «éviter toute répression violente de la part des forces de sécurité et de police contre la vague d'éveil islamique qui a pris la forme d'un mouvement populaire dans le pays».
    Un changement de stratégie du nouveau gouvernement serait mesuré à l’aune d’une reprise des relations diplomatiques avec l’Iran, rompues avec le Caire en 1980, après la révolution islamique iranienne et la reconnaissance d'Israël par l'Egypte. C’est dire l’effervescence qui règne actuellement à l’Etat-major israélien, en instance de réorganisation, mais secoué par les problèmes rencontrés par Yoav Galant, chef d’Etat-major désigné [...] dont l’entrée en fonction est prévue pour le 14 février [en fait il s'avère aujourd'hui qu'il ne sera pas désigné]. Les Etats-Unis mesurent les dangers de la situation et se sont impliqués fortement pour voir déboucher en Egypte une solution conforme à leurs propres intérêts. [...]"

- Révolte en Egypte et désinformation !, Luc Rosenzweig (Blog Radio J) - "Ce que les Occidentaux et surtout les Etats unis doivent faire comprendre aux dirigeants égyptiens, quels qu’il soient, c’est que l’aide apportée à ce pays, qui est vitale pour sa défense et pour l’alimentation de la population, n’est pas inconditionnelle. Elle dépend du rôle crucial de l’Egypte dans le maintien de la paix avec Israël".
http://www.radiochalomnitsan.com/blog/revolte-en-egypte-et-desinformation/
   "Une forme insidieuse de désinformation est en train de se répandre dans les médias et sur le net : on voudrait nous faire croire qu’Israël met en branle son réseau diplomatique pour exercer des pressions en faveur de Hosni Moubarak et de son régime ébranlé par la révolte des foules égyptiennes.
    Qu’en est-il en réalité ? Lundi matin, le quotidien de gauche Haaretz faisait état d’une directive du ministère israélien des affaires étrangères. Celle ci demandait à ses ambassadeurs dans des pays clés comme les Etats-Unis, la Chine ou la Russie de mettre en garde les gouvernements de ces pays contre tout geste ou déclaration pouvant provoquer une déstabilisation politique de l’Egypte. Il ne s’agit pas, on le voit bien, de marquer un soutien affiché à Moubarak, mais de rester vigilant face à l’évolution de la situation sur le terrain.
    La menace d’une prise de pouvoir par les Frères musulmans est bien réelle : les partisans égyptiens d’une révolution démocratique et laïque sont certes bien sympathiques, mais il n’ont ni les structures, ni les leaders en mesure de remplacer au pied levé le pouvoir actuel, où l’armée joue un rôle majeur.
    Mohammed El Baradeï, que l’on présente, à tort, comme l’homme de la situation, préconise en fait une alliance avec les islamistes radicaux et un tournant anti-américain et anti-israélien de la politique égyptienne. L’Iran, qu’il a protégé autant qu’il était en son pouvoir quand il était à la tête de l’agence internationale de l’énergie atomique, le verrait avec plaisir en nouveau raïs…
    Ce que les Occidentaux et surtout les Etats unis doivent faire comprendre aux dirigeants égyptiens, quels qu’il soient, c’est que l’aide apportée à ce pays, qui est vitale pour sa défense et pour l’alimentation de la population, n’est pas inconditionnelle. Elle dépend du rôle crucial de l’Egypte dans le maintien de la paix avec Israël. C’est cela, et rien d’autre que les diplomates israéliens sont chargés de transmettre à travers le monde."

- Le paradoxe égyptien, Robert Solé (Le Monde) - "Côte à côte, sur la place Tahrir, manifestent depuis plusieurs jours une jeunesse moderne, ivre de liberté, vivant sur Internet, et des militants qui voient tout à travers le prisme de la religion".
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/02/01/le-paradoxe-egyptien_1473538_3218.html
   "[...] Toutes les conditions d'une explosion étaient réunies depuis des mois, sinon des années. Car ce pays a subi, en moins d'un demi-siècle, des changements considérables qu'il peine à digérer. On peut dire schématiquement qu'il est passé du socialisme étatique à l'économie privatisée, du grand frère soviétique à l'oncle Sam, de la guerre à la paix et du panarabisme à l'islam. Naturellement aucun de ces bouleversements n'est survenu en un jour. Mais aucun d'eux n'a donné lieu à une consultation populaire, un vrai débat national, ce qui explique sans doute le fossé croissant entre une grande partie des Egyptiens et leurs dirigeants.
    Quand Gamal Abdel Nasser et ses Officiers libres renversent la monarchie en juillet 1952, le pays a 20 millions d'habitants. Il en compte quatre fois plus aujourd'hui ! Ses grandes villes ont pris une extension considérable, sa côte méditerranéenne est quasiment bétonnée d'Alexandrie à Marsa-Matrouh. La population s'entasse sur un mince ruban de verdure au milieu du désert, c'est l'une des plus fortes densités au monde. Un village égyptien peut compter désormais 10 000 habitants, et même davantage. On ne va plus en ville, c'est la ville qui vient à la campagne. Pour fournir de l'eau et de l'électricité à ce pays en croissance permanente, on a construit le haut barrage d'Assouan qui a lui-même modifié la géographie du pays : la Nubie engloutie, un Nil privé de crues, une érosion des rives, un manque de limon, remplacé par d'énormes quantités d'engrais chimiques. Malgré cela, l'Egypte n'arrive pas à produire le blé dont elle a besoin. Le blé pour faire du pain, base de l'alimentation, aïch en dialecte égyptien, ce qui signifie aussi "la vie"...
    Tous les dix mois, l'Egypte gagne 1 million d'habitants. On assiste pourtant à un ralentissement de la croissance démographique, en raison du planning familial et de la difficulté de trouver un emploi ou un logement, ce qui retarde l'âge du mariage. L'espérance de vie est passée de 47 ans, dans les années 1960, à 70 ans aujourd'hui. La société égyptienne est très jeune, mais bientôt elle devra prendre en charge aussi ses vieux, parallèlement à ses nombreux diplômés auxquels l'Etat ne garantit plus un emploi dans la fonction publique comme cela se faisait au temps de Nasser. [...]
    En quarante ans, l'Egypte s'est enrichie et considérablement modernisée, avec des inégalités sociales criantes. Elle bénéficie, entre autres, des revenus du canal de Suez et d'un tourisme en progression géométrique. Le développement des infrastructures est illustré par le gigantesque aéroport international du Caire qui a vu passer 15 millions de visiteurs, en 2010.
    L'économie nationale profite également d'une nouvelle source de devises : l'argent rapatrié par les émigrés. L'Egypte n'est plus ce peuple sédentaire, accroché à la vallée du Nil depuis des millénaires : après avoir perdu la plus grande partie de sa population occidentalisée d'origine étrangère et tous ses juifs, elle a vu partir des demandeurs d'emploi. Un certain nombre d'entre eux sont revenus des pays du Golfe, les poches pleines de dollars, convertis à une religion ultra-conservatrice. Ces nouveaux riches ont contribué à "réislamiser" de la pire manière un pays orphelin du panarabisme.
    Sadate en porte une part de responsabilité. Jouant à l'apprenti-sorcier pour combattre la gauche, il a laissé les intégristes développer leurs idées à la télévision et dans l'instruction publique. Cela lui a coûté la vie, puisqu'ils ont fini par l'assassiner, mais entre-temps le mal était fait dans un pays où les femmes notamment avaient acquis des droits croissants depuis des décennies. L'extension du voile islamique ou la tache que beaucoup d'hommes portent sur le front (témoignage de piété) ne sont que les aspects les plus voyants d'un retour aux traditions. Des télécoranistes, devenus des vedettes nationales grâce au petit écran, se prononcent sur les moindres détails de la vie en société.
    Certes, l'Egypte a toujours été pieuse et conservatrice. Il n'y a pas des "religieux" d'un côté et des "laïques" de l'autre : tout le monde se réclame de Dieu. Mais piété et conservatisme se sont fortement accentués au cours des dernières décennies, à mesure que le rêve panarabe s'évanouissait. L'article 2 de la Constitution (révisée en 1980) indique que l'islam est la religion de l'Etat et que les principes de la charia sont la source principale de toutes ses lois.
    Or le pays compte plusieurs millions de chrétiens, et cette même constitution affirme, dans son article 40, que tous les citoyens sont égaux devant la loi, sans distinction de religion ou de croyance. Les tensions communautaires, officiellement inexistantes, longtemps taboues, ont fini par éclater au grand jour. [...]
    Ce qui n'a pas changé en Egypte, c'est le système sécuritaire et la manière indigne dont sont traitées les personnes arrêtées, que ce soit en prison ou dans les commissariats de police. L'état d'urgence, en vigueur depuis l'assassinat de Sadate, en 1981, permet tous les abus. Déjà, au temps de Nasser, islamistes et communistes subissaient les arrestations arbitraires et la torture. Mais, à l'époque, le pays était complètement fermé : on n'avait même pas le droit de capter des radios étrangères dont les ondes étaient brouillées. Quant à la presse, elle était totalement muselée. Aujourd'hui, il existe des journaux d'opposition, même si leurs responsables risquent à tout moment la prison. Et, avec les téléphones portables, les chaînes satellitaires, Internet et les réseaux sociaux, tout se sait, à tout moment.
    C'est le grand paradoxe de ce pays, ouvert sur l'extérieur comme il ne l'a jamais été, alors qu'il connaît un repli identitaire considérable. Côte à côte, sur la place Tahrir, manifestent depuis plusieurs jours une jeunesse moderne, ivre de liberté, vivant sur Internet, et des militants qui voient tout à travers le prisme de la religion. Si les premiers ont commencé à brandir des pancartes indiquant "La Tunisie est la solution", c'était en réponse aux seconds pour lesquels "l'islam est la solution". Deux Egyptes condamnées sans doute à cohabiter."

- A democratic Egypt or a state of hate?, Richard Cohen (Washington Post) - "Majority rule is a worthwhile idea. But so, too, are respect for minorities, freedom of religion, the equality of women and adherence to treaties, such as the one with Israel, the only democracy in the region".
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2011/01/31/AR2011013104014.html
   "Things are about to go from bad to worse in the Middle East. An Israeli-Palestinian peace agreement is nowhere in sight. Lebanon just became a Hezbollah state, which is to say that Iran has become an even more important regional power, and Egypt, once stable if tenuously so, has been pitched into chaos. This is the most dire prospect of them all. The dream of a democratic Egypt is sure to produce a nightmare.
    Egypt's problems are immense. It has a population it cannot support, a standard of living that is stagnant and a self-image as leader of the (Sunni) Arab world that does not, really, correspond to reality. It also lacks the civic and political institutions that are necessary for democracy. The next Egyptian government - or the one after - might well be composed of Islamists. In that case, the peace with Israel will be abrogated and the mob currently in the streets will roar its approval.
    My take on all this is relentlessly gloomy. I care about Israel. I care about Egypt, too, but its survival is hardly at stake. I care about democratic values, but they are worse than useless in societies that have no tradition of tolerance or respect for minority rights. What we want for Egypt is what we have ourselves. This, though, is an identity crisis. We are not them.
    It's impossible now to get a fix on what is happening in Egypt. The Muslim Brotherhood seems to be lying low. Is this a reflection of weakness or canniness? The Brotherhood remains the only well-organized institution in Egypt other than the military. It has been underground for generations - jailed, tortured, infiltrated, but still, somehow, flourishing. Its moment may be approaching.
    Under a different name (Hamas), the Muslim Brotherhood runs the Gaza Strip. Hamas's charter states unequivocally that it wants to eradicate Israel. It mentions the 1978 Camp David accords, and not with admiration. ("Egypt was, to a great extent, removed from the circle of the struggle through the treacherous Camp David Agreement.") No doubt that in an Egyptian election, the call to repudiate the treaty will prove popular - as popular as the peace with Israel has not been.
    The Muslim Brotherhood's most influential thinker was the Egyptian Sayyid Qutb. He was hanged in 1966, but not before he had managed to turn out a vast amount of writings. He showed almost superhuman courage and was, in many respects, a formidable man. But he was also a racist, a bigot, a misogynist, an anti-Semite and a fervent hater of most things American. As if to prove that familiarity breeds contempt, he had spent about two years in the United States.
    The Egyptian crisis has produced the usual blather about the role of America. The United States remains powerful and important, but it has already lost control of events - not that it ever really had it. Moreover, it hardly matters what Washington now says. The Islamists of the Brotherhood do not despise America for what it does but for what it is. Read Qutb's purplish alarm at the dress and appearance of American women. Read his racist remarks about blacks. The Islamic state Qutb envisioned would be racist, anti-Semitic and anti-Christian as well. It would treat women as the Taliban now does - if only because the Taliban, too, reveres Qutb. He rejected a clemency offer, saying his words would matter more if he was dead. He was right.
    Majority rule is a worthwhile idea. But so, too, are respect for minorities, freedom of religion, the equality of women and adherence to treaties, such as the one with Israel, the only democracy in the region. It's possible that the contemporary Islamists of Egypt think differently about these matters than did Qutb. If that's the case, then there is no cause for concern. But Hamas in the Gaza Strip, although recently moderating its message, suggests otherwise. So does Iran.
    Those Americans and others who cheer the mobs in the streets of Cairo and other Egyptian cities, who clamor for more robust anti-Mubarak statements from the Obama administration, would be wise to let Washington proceed slowly. Hosni Mubarak is history. He has stayed too long, been too recalcitrant - and, for good reason, let his fear of the future ossify the present. Egypt and the entire Middle East are on the verge of convulsing. America needs to be on the right side of human rights. But it also needs to be on the right side of history. This time, the two may not be the same."


France

- La France condamne les tirs de missiles Grad sur Israël (Guysen) - c'est suffisamment rare pour le signaler.
http://www.guysen.com/news_La-France-condamne-les-tirs-de-missiles-Grad-sur-Israel_302058.html
   "Le Quai d'Orsay a publié mardi un communiqué condamnant les tirs de missiles Grad qui ont frappé, hier soir, Nétivot, Ofakim et Eshkol, dans le Néguev occidental. Le ministère français des Affaires étrangères appelle, dans le communiqué, "les Israéliens et les Palestiniens à retourner à la table des négociations, car l'arrêt du processus de paix renforce les extrémistes"."

- Richard Prasquier (Président du CRIF) invité sur RCJ (Audio 28mn) - les premières questions portent sur l'affaire Hessel/ENS (il confirme la version de Canto-Sperber), puis sur le boycott d'Israël (et son paradoxal soutien par Elisabeth Guigou, ancienne Garde des Sceaux). Le débat tourne ensuite autour du dîner du CRIF, des Verts, du FN, du voyage de MAM à Gaza et des Palestine Papers.
http://www.radiorcj.info/mp3Player/?audio=entretien30janv

- Commentaires haineux du jour sur Le Monde.fr - une bonne grosse flopée hargneuse à l'occasion des événements égyptiens :
http://www.lemonde.fr/proche-orient/reactions/2011/01/31/israel-redoute-les-freres-musulmans_1472886_3218_1.html
- FRANCOIS JOURDIER (31/01/11 19h16)
   "Israël va se trouver coincé entre le Hezbollah, le Hamas et les frères musulmans, ça devient intéressant."
- Cassandre (31/01/11 22h33)
   "Israël va être confronté de près aux conséquences de son cynisme maquillé en real-politik et va devoir manger son chapeau avec tout ce qui s'y trouve: arrogance mortifère d'un îlot de prospérité à l'occidentale en plein Moyen-Orient. [...]"
- jlecynique (31/01/11 23h22)
   "Le jour où Israel ne redoutera rien, l'humanité aura fait un grand pas! il serait temps que cet Etat soit entouré de gens qui sont devenus des ennemis farouches, en grande partie en raison de son comportement intransigeant et colonialiste, pour etre mesuré dans mes termes! Israel criant à juste titre les radicaux chez les autres mais il semble que le fait d'etre gouverné par les memes extremistes ne le perturbe pas, alors oui ce qui se passe peut mal se terminer dans cette région. La faute à qui!"
- mongin (01/02/11 05h28)
   "[...] Si tel devait être le cas [une prise de pouvoir des Frères musulmans], Israel l'aura bien cherché depuis des décennies d'humiliation, de crimes non sanctionnés que Moubarak a avalisés pour servir les intérêts de ses commanditaires. Il faut espérer que la nouvelle Egypte reprendra le flambeau de la cause palestinienne et de la justice."
- TOLSTOI (08h50)
   "Israël devrait se poser des questions au lieu de redouter l'arrivée d'un régime islamiste en Egypte. Pourquoi en est on là ? Peut être que les pyromanes de la Knesset y sont pour quelque chose avec leur politique systématique " de liquidation" du peuple Palestinien. Si les Islamistes arrivent au pouvoir il ne faudra pas pleurer et les coupables sont identifiables : Netanyahou et Lieberman ! Au coeur de la révolte Arabe il y a la honte de la politique de collaborateur servile de Moubarak !"
- PHILIPPE_J (11h15)
   "Israël, petit Etat-voyou jusque là assuré d'une totale impunité malgré l'ampleur et la sauvagerie de ses crimes (Liban 2006, Gaza 2008, quasiment tous les jours des Palestiniens assassinés) malgré sa condamnation en droit international (Tbal de La Haye sur le mur de la honte, Rapport Goldstone, etc.), Israël, cet Etat toujours plus raciste et extrémiste, commence à trembler ? EX-CEL-LENTE NOUVELLE ! Et d'abord pour les Juifs du monde entier qui en ont assez d'être assimilés à cet Etat failli."
http://www.lemonde.fr/proche-orient/reactions/2011/01/31/egypte-israel-craint-un-scenario-a-l-iranienne_1473323_3218.html
- tonton flingueur (31/01/11 21h27)
   "Les temps changent: Les USA sont en déclin et les dictatures ne tiennent plus. La colonisation chronique des territoires par Israël sera bientôt intenable car les appuis, les protections se dérobent. [...] Est venu le temps de la diplomatie mais trop d'humiliation et l'impunité de l'état hébreu ont rendu leurs voisins enragés."
- PIERRE WASSEF (31/01/11 21h36)
   "Quel faux-cul ce M. Natanyahou. Ce sont aux politiciens israéliens et leurs alliés arabes que l'on doit l'explosion de l'islamisme extrémiste depuis quarante ans. [...]"
- La monnaie de sa pièce (31/01/11 21h55)
   "Israël ne récolte qui les fruits de sa politique étrangère d'occupation de la Cisjordanie et son copinage avec Moubarak et les autres despotes arabes. Qu'elle ne s'étonne pas ensuite si les nouveaux gouvernements établis par les peuples qui ont renversés les dictateurs actuels ne sont pas favorables à Israël. [...]"
- PIERRE WASSEF (31/01/11 21h59)
   "Les gens d'Israel devraient se rendre compte que c'est grâce à la politique de leurs dirigeants depuis 60 ans [donc dès 1948 !], ainsi qu'à celle de tous leurs alliés arabes style Moubarak que l'on doit la flambée d'islamisme actuelle. [...]"
- thomas-serres (31/01/11 23h38) - 5 millions de Juifs oppressent 85 millions d'Arabes !
   "Il est certain que des gens qui considèrent que le bien-être de 5 millions d'entre eux vaut l'oppression de 85 millions d'arabes ont

une vision bien étrange de l'égalité entre les peuples et du droit à l'autodétermination. [...]"
- Guy Agostini (08h28)
   "Les Dieux rendent fous ceux qu'ils veulent perdre. Sous quel prétexte Israël donne-t-il des leçons de morale à la Terre entière ? Celui de vouloir se rendre odieux à tous ? Dans ce cas, il est en bonne voie..."
- Sabonadière (08h52)
   "Netanyahu continue la politique des prédécesseurs, brave les décisions de l'Onu, tue sans jugement préalable des résistants ou de simples civils, vole la terre et l'eau des Palestiniens, car le Congrès états-unien est aux ordres d'Israël [...]"
- fabrice-martin (12h01) - les "lobbies juifs" veulent "asservir" le monde en vue d'une "domination sans partage".
   "[...] Israël, avec l'appui des lobbies juifs Américains, notament, ont asservi tout le Moyen-Orient et maintiennent les pays voisins sous une influence étroite et malsaine. Le Moyen-Orient est une poudrière - c'est la première leçon d'histoire que j'ai eu au lycée. Israël est motivée par la domination sans partage - point final."
- ElGringo (13h03)
   ""Il est vrai que dans une situation de chaos, un mouvement islamiste organisé peut prendre le contrôle de l'Etat. C'est arrivé en Iran et ailleurs", ouaip, en Israël où un mouvement sioniste extremiste est entrain de faire main basse sur la politique. [...]"
- pavel-kononov (16h30)
   "Israël serait donc le seul pays du moyen-orient à avoir le droit d'élire "démocratiquement" (en réalité Israël est un apartheid démocratique) [...]. On savait déjà qu'Israël était le seul état de la région qui avait le droit de coloniser, de spolier, d'assassiner avec la bénédiction des USA et de l'UE..."


"Processus de paix"

- Après la Tunisie et l'Égypte, l'Autorité palestinienne : Abbas, dégage..., Gerard Fredj (Israël Infos) - "nous nous révoltons contre la bande de corrompus qui a trahi la nation et vendu notre cause sacrée".
http://www.israel-infos.net/Apres-la-Tunisie-et-l-Egypte-l-Autorite-palestinienne--Abbas-degage---6019.html
   "Selon Palestine Info, des militants palestiniens ont lancé sur Facebook une campagne pour obtenir le renversement de l’Autorité palestinienne et de son Président, Mahmoud Abbas. Faisant référence à la situation en Tunisie et en Égypte, mais également aux révélations des documents liés aux négociations israéliennes par Al Jazeera, ils déclarent : "Les peuple tunisiens et égyptiens ont fait entendre leurs voix, nous devons aussi en faire autant", appelant au soulèvement "contre les assassins de leurs résistants et les renonciateurs à la question palestinienne".
    Ils ont fixé le début de la campagne à vendredi prochain, "nous nous révoltons contre la bande de corrompus qui a trahi la nation et vendu notre cause sacrée, nous mourrons en martyr les têtes hautes il n’est pas question de vivre sous l’humiliation de ses traîtres, Abbas et son groupe doivent dégager", visant, outre le Président de l'AP, "Mohammed Dahlan, Yasser Abed Rabbo, Saeb Erekat, Nasser Youssef et Ahmed Qoreï, ces responsables amis de l’ennemi sioniste qui collaborent avec lui en signant des accords dans les coulisses".
    Dans le même temps, Le Fatah, parti du président palestinien Mahmoud Abbas, a proposé la tenue d’élections générales pour surmonter les divisions politiques internes ; le parti du Président de l'Autorité palestinienne a invité toutes les "factions" de l’Olp à une réunion sur le sujet. Les élections ont été à plusieurs reprises différées en raison de l'opposition entre le Fatah et le Hamas."

- Les fuites d'Al-Jazira creusent les dissensions interpalestiniennes, Karin Laub (AP) - "Elles vont dégrader une situation déjà mauvaise et réduire les chances déjà minces" de réunir à nouveau le Hamas et le Fatah.
http://fr.news.yahoo.com/3/20110201/twl-palestiniens-crise-fuites-1be00ca.html
   "Si la perspective d'un accord de paix au Proche-Orient semblait déjà éloignée, elle paraît encore plus improbable depuis la publication de documents confidentiels par la chaîne Al-Jazira. Des révélations qui creusent en outre encore plus le fossé entre le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le Hamas. [...] Sur le fond, les fuites n'apportent pas grand-chose de nouveau. Les Palestiniens veulent un Etat constitué par la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est, et sont prêts à des concessions sur le tracé de la frontière pour permettre à Israël de garder certaines implantations juives.
    En 2008, le Premier ministre israélien Ehoud Olmert a demandé 6,3% de la Cisjordanie pour garder de grandes implantations, selon des extraits de ses mémoires publiés vendredi. En échange, il a proposé à Abbas des terres israéliennes d'une surperficie équivalente dans le cadre d'un accord incluant Jérusalem-Est. De son côté, le président palestinien a proposé d'échanger 1,9% de la Cisjordanie, et était prêt à laisser à Israël la quasi-totalité des quartiers juifs de la partie orientale de Jérusalem construits après 1967. Cette révélation n'a pas dû surprendre totalement les Palestiniens : un tel compromis avait en effet été mis sur la table il y a une dizaine d'années par le président américain Bill Clinton.
    Les déclarations qu'Abbas auraient tenues en privé sur le sort des réfugiés palestiniens sont peut-être plus dommageables pour lui. La ligne officielle des autorités palestiniennes est que les réfugiés doivent avoir le choix entre retourner en Israël, s'installer dans un futur Etat palestinien, rester dans leur pays d'accueil ou s'installer ailleurs. [...] Certains estiment que les fuites d'Al-Jazira pourraient favoriser un débat public plus transparent chez les Palestiniens. Elles montrent clairement à chaque réfugié que le droit au retour "ne fait pas partie d'un futur accord" entre l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et Israël, estime l'analyste de Cisjordanie Khalil Shahin.
    D'autres dénoncent une volonté de nuire à Mahmoud Abbas. "Les choses ont été soit sorties de leur contexte ou ont été interprétées de la pire manière qui soit, avec l'objectif très clair de mettre en colère les Palestiniens et de tenter de saper la crédibilité des négociateurs", déclare Hanane Ashraoui, une responsable de l'OLP.
    Mahmoud Abbas semble s'être sorti largement indemne de ce déballage. Les fuites ont toutefois provoqué un regain de tension avec le Hamas. "Elles vont dégrader une situation déjà mauvaise et réduire les chances déjà minces" de réunir à nouveau le Hamas et le Fatah, le parti de Mahmoud Abbas, note Khaled Hroub, analyste de l'université de Cambridge. La division des Palestiniens représente un obstacle majeur à tout accord de paix, Mahmoud Abbas ne pouvant négocier, en l'état, pour l'ensemble des Palestiniens.
    Alors que le processus de paix s'est enlisé après avoir été relancé par Washington début septembre, les fuites d'Al-Jazira pourraient rendre Abbas plus réticent à des concessions. Même si Nétanyahou s'alignait sur les propositions d'Olmert, il est peu probable que le président palestinien pourrait faire aujourd'hui la même offre que celle présentée au prédécesseur de l'actuel Premier ministre israélien, estime Alon Liel, un ancien diplomate israélien. Et d'ajouter : "Les fuites ne nous ont pas rapprochés de la paix"."

- Les leaders de la Chambre des représentants demandent l'usage du veto lors du vote à l'ONU condamnant les constructions israéliennes dans les Territoires, Gerard Fredj (Isreaël Infos) - « cette résolution ne mènerait qu’à un isolement d’Israël, qui encouragerait les Palestiniens à se focaliser sur ce type de victoires plutôt qu’à négocier. »
http://www.israel-infos.net/ETATS-UNIS--Les-leaders-de-la-Chambre-des-representants-demandent-l-usage-du-veto-lors-du-vote-a-l-ONU-condamnant-les-constructions-israeliennes-dans-les-Territoires-6015.html
   "Plusieurs leaders politiques américains, tous membres de la chambre des Représentants, démocrates et républicains, viennent d’adresser une lettre ouverte à Barak Obama, l’appelant à annoncer sans délai un véto US au projet de résolution onusienne, condamnant Israël pour ses constructions dans les Territoires conquis après 1967, et les déclarant illégales au regard du droit international. Cette adresse intervient après que les pays arabes et l’Autorité palestinienne ont déposé le projet devant l’assemble générale de l’ONU, avec l’intention de le soumettre ensuite au Conseil de sécurité. Hillary Clinton, la Secrétaire d’Etat américaine avait condamné cette résolution, sans faire référence à l’usage du droit de veto.
    Les signataires écrivent notamment : « Au lieu de négocier directement avec Israël, les Palestiniens préfèrent contourner la négociation en cherchant l’adoption de mesures anti israéliennes à travers les instances internationales. Nous considérons que cette résolution ne mènerait qu’à un isolement d’Israël, qui encouragerait les Palestiniens à se focaliser sur ce type de victoires plutôt qu’à négocier », ajoutant qu’ils considèrent le projet de résolution « contre-productif ». Ils demandent au Président américain de faire pression sur les palestiniens pour que ceux-ci « retournent immédiatement et sans condition dans le processus de négociations directes avec Israël » considérant par ailleurs qu’un échec des USA dans cette démarche aurait des « conséquences négatives sur la politique américaine à l’égard des palestiniens ».
    Parmi les signataires on relève Eric Cantor, leader de la majorité républicaine, le leader démocrate à la Chambre Steny Hoyer, la présidente de la commission des Affaires étrangères Ileana Ros-Lehtinen."


Gaza & Hamas

- Tirs de roquettes dans le Néguev, Yaakov Lappin (JP) - "Le Commandement central de Tsahal a déclaré qu'il enquêterait sur cette défaillance du système d'alerte".
http://fr.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1295256760868&pagename=JFrench%2FJPArticle%2FShowFull
   "Le calme relatif dans le Sud a été brisé dans la nuit de lundi. Depuis Gaza, des Palestiniens ont tiré des roquettes Grad et des obus de mortier dans l'ouest du Néguev. Une des roquettes est tombée dans la ville d'Ofakim, une deuxième à Netivot, juste à côté d'un immeuble où l'on célébrait un mariage. Quatre personnes sous le choc ont été prises en charge à Netivot, et un véhicule a été endommagé. Les invités du mariage ont indiqué avoir entendu une explosion assourdissante, et précisé que le système d'alerte pour les roquettes ne s'est pas déclenché. Le Commandement central de Tsahal a déclaré qu'il enquêterait sur cette défaillance du système d'alerte. Il n'y a eu aucun blessé ni aucun dégât à Ofakim. De son côté, le Conseil Régional d'Eshkol a signalé une attaque au mortier depuis Gaza. L'obus est tombé dans une zone vide."
- Grad sur le Néguev : le gouvernement appelé à installer le système Dôme de fer (Guysen)
http://www.guysen.com/news_Grad-sur-le-Neguev-le-gouvernement-appele-a-installer-le-systeme-Dome-de-fer_302008.html
   "Le député Shaï Hermesh (Kadima) appelle ce mardi le gouvernement à déployer le système de protection antimissile Dôme de fer au sud d'Israël, au lendemain des tirs de 3 missiles Grad sur le Néguev. ''Les organisations terroristes se sont rendues compte qu'Israël tarde à prendre les mesures nécessaires, et redoublent d'audace, ce qui fait rentrer des milliers d'habitants supplémentaires dans un cycle de guerre d'usure'', a-t-il estimé."

- Le Hamas empêche une manifestation pro-égyptienne à Gaza (AP) - "Les policiers ont procédé à des interpellations et ont malmené certains manifestants".
http://fr.news.yahoo.com/3/20110201/twl-egypte-palestiniens-gaza-951b410.html
   "La police du Hamas a empêché un petit groupe de Palestiniens à Gaza de tenir une manifestation de soutien au mouvement de protestation égyptien, a-t-on appris mardi. La police est intervenue lorsqu'un petit groupe de manifestants s'est rassemblé mardi dans le centre de Gaza, a déclaré Asma al-Ghoul, une militante, qui faisait partie du groupe. Les policiers ont procédé à des interpellations et ont malmené certains manifestants, a-t-elle précisé. L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch a appelé le Hamas à "cesser d'interférer arbitrairement dans les manifestations pacifiques sur l'Egypte ou tout autre sujet". En Cisjordanie, l'Autorité palestinienne a également réprimé une manifestation de soutien aux manifestants égyptiens cette semaine."


Judée-Samarie

- Promesse d'élections municipales en Cisjordanie (AP) - "Les responsables du gouvernement de Ramallah ont démenti toute relation avec la contestation égyptienne actuelle".
http://fr.news.yahoo.com/3/20110201/twl-palestiniens-elections-municipales-1be00ca.html
   "L'Autorité palestinienne a annoncé mardi son intention d'organiser "dès que possible" des élections municipales en Cisjordanie. Cette annonce-surprise semble intervenir dans le cadre de la peur de la contagion qui s'est emparée de nombre de gouvernements du monde arabe à la légitimité contestable, face aux exemples tunisien et égyptien. L'Autorité palestinienne n'a pas organisé d'élections depuis 2006, le président et les membres du Parlement étant restés en fonctions après l'expiration normale de leurs mandats. Le mandat présidentiel de quatre ans d'Abbas est arrivé à expiration en 2009, mais a depuis été prolongé indéfiniment. Celui du parlement a expiré en 2010, mais il est toujours en place. Le président Mahmoud Abbas a annulé des élections locales en Cisjordanie en 2009, car son mouvement, le Fatah, risquait de perdre un nombre important de sièges cruciaux.
    Le gouvernement du Premier ministre Salam Fayyad a donc annoncé mardi que la date pour un nouveau scrutin local serait précisée lors du prochain conseil des ministres, sans doute la semaine prochaine. Si le gouvernement Fayyad a dit espérer pouvoir organiser les élections tant en Cisjordanie que dans la Bande de Gaza, le Mouvement de la résistance islamique (Hamas), qui a pris le pouvoir dans le petit territoire côtier en 2007, lui récuse tout droit de les organiser. "Des élections devraient intervenir après la réconciliation, dans le cadre de cette réconciliation", a jugé le porte-parole du Hamas Fawzi Barhoum. Avant ce mardi, les responsables de Cisjordanie soutenaient également ne pouvoir organiser d'élections tant que les deux territoires palestiniens resteraient divisés.
    Les responsables du gouvernement de Ramallah ont démenti toute relation avec la contestation égyptienne actuelle, le secrétaire général du gouvernement Naim Abu al-Hommos affirmant qu'il avait "attendu la bonne atmosphère"."


Jordanie

- Le Roi de Jordanie nomme un nouveau Premier ministre (JP) - "Il partage la volonté du Roi Abdallah de maintenir des liens étroits avec Israël, en vigueur depuis le traité signé en 1994".
http://fr.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1295256762326&pagename=JFrench%2FJPArticle%2FShowFull
   "Les milliers de manifestants dans les rues de Jordanie ont forcé le Roi Abdallah II à agir. Il a limogé son cabinet et a nommé l'ex-général Marouf al-Bakhit au poste de Premier ministre. Celui-ci doit désormais assurer la composition d'un nouveau gouvernement. Ancien ambassadeur de Jordanie en Israël, Bakhit est un modéré. Il partage la volonté du Roi Abdallah de maintenir des liens étroits avec Israël, en vigueur depuis le traité signé en 1994, et avec les Etats-Unis, allié de longue date.
    Prenant exemple sur la Tunisie et l'Egypte, les Jordaniens manifestent depuis trois semaines. Ils ont appelé à la démission de Samir Rifaï qu'ils tiennent pour responsable de l'augmentation des prix de l'essence et de la nourriture, ainsi que de la lenteur des réformes politiques. Quand il est monté sur le trône en 1999, le Roi Abdallah II avait promis d'accélérer la vague de réformes lancée par son père le Roi Hussein. Pourtant, peu a été fait depuis. Les journalistes ne peuvent toujours pas critiquer le Roi et la famille royale. Quelques avancées ont été faites pour améliorer les droits des femmes, notamment en ce qui concerne les crimes d'honneur. Mais les tribunaux restent trop indulgents."


Liban & Syrie

- UNRWA report on Pal. poverty in Lebanon flies under the radar (Elder of Ziyon) - "I cannot find any UNRWA press release that summarizes the findings or any public calls to action. It is almost like UNRWA wants to bury this report for fear of making waves".
http://elderofziyon.blogspot.com/2011/01/unrwa-report-on-pal-poverty-in-lebanon.html
   "On December 31, UNRWA released a major report that goes into detail of the poverty and unemployment for Palestinian Arabs in Lebanon. Here are some important parts:
    - 6.6% are extremely poor i.e they cannot meet their essential daily food needs (compared to 1.7% amongst Lebanese).
    - 66.4% of Palestine refugees in Lebanon are poor i.e cannot meet their basic food and nonfood needs (compared to 35% amongst Lebanese).
    - 56% of Palestinians are jobless
    - 38% of the working age population are employed
    - 2/3 of Palestinians employed in elementary occupations (like street vendors, work in construction, agriculture) are poor
    - Of the 425,000 Lebanese "refugees" registered with UNRWA since 1948, only 260,000-280,000 currently reside in Lebanon. The difference is apparently from some 200,000 who have fled Lebanon, mostly for Europe.
   "Lebanese vehemently oppose the naturalization of Palestinians into Lebanese. Such Tawteen (naturalization) is also strongly rejected by the Palestinians, who insist on their right to return to Palestine. The Lebanese position on return to Palestine is sometimes used to justify discriminatory policies against the Palestinian refugees, and their legal status even after 60 years remains that of foreigners. This has resulted in restrictive policies with regard to the social, economic, and civil rights of the Palestinians (Hanafi & Tiltnes 2008) [...] Accounts from Palestinian camp dwellers in Lebanon show that they refer to themselves as the “forgotten people”, feeling that they live in a hostile environment where basic human rights, including the right to work, have no effective means of representation or protection."
    The part about how naturalization is strongly rejected by Lebanese Palestinians is a lie, as I have documented that every time a loophole opened up in Lebanese naturalization laws to allow Palestinian Arabs to become citizens, tens of thousands of them rushed to do so. Not only that, but the authors know it to be a lie because they mention one of those circumstances in footnote 18, saying "There were supposedly at least 25,000 Palestinians, the majority Christian, among those who received Lebanese citizenship in 1994. S. Haddad, “Sectarian Attitudes as a Function of the Palestinian Presence in Lebanon,” Arab Studies Quarterly 22 (2000), pp.81-100)"
    Even with its flaws, this document is important in that it details exactly how there is endemic discrimination against Palestinian Arabs in Lebanon and the horrid results. Yet I cannot find any UNRWA press release that summarizes the findings or any public calls to action. It is almost like UNRWA wants to bury this report for fear of making waves. They only mentioned it peripherally as part of a list of January accomplishments but it never received its own press release, very strange for a report of over 100 pages.
    (The paper indirectly damns the Palestinian Authority for not doing something about Palestinian Arabs in camps in the West Bank. It points out that only in the West Bank and Lebanon is there a significant difference in poverty rates between PalArabs living in the camps and living outside, and it attributes this to the fact that only in Lebanon and under the PA are the camps "closed" and not integrated with surrounding towns. This is not the case in Syria and Jordan, where the camps are more like suburbs. In Lebanon, of course, there is also societal discrimination against Palestinian Arabs which partially account for their unemployment and therefore poverty, but the idea that the PA is keeping the Palestinian Arabs who are in camps on a lower social status is something that requires further study - and UNRWA sure won't do it.)"

- Syrie : appel à "la première journée de la colère du peuple syrien" vendredi après la prière (Guysen)
http://www.guysen.com/news_Syrie-appel-a-la-premiere-journee-de-la-colere-du-peuple-syrien-vendredi-apres-l_302055.html
   "Un groupe Facebook, qui avait réuni plus de 7800 membres ce matin, a lancé un appel à manifester sous le slogan de "la Révolution syrienne 2011". Il invite les jeunes Syriens à manifester vendredi après la prière, "la première journée de la colère du peuple syrien et de rébellion civile dans toutes les villes syriennes". "Nous ne sommes pas contre ta personne mais contre la monocratie, la corruption et la tyrannie et le fait que ta famille et tes proches se soient accaparés des richesses", indique encore le texte, en s'adressant au président syrien, Bachar al-Assad. Le site Facebook est bloqué par les autorités syriennes mais les internautes, grâce à certains programmes, peuvent contourner la censure."


Monde arabe

- Le péril islamiste est réel en Tunisie, Frank Nouma (journaliste belgo-tunisien) - "Aujourd'hui, je crains que le pire ne soit devant nous".
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/02/01/le-peril-islamiste-est-reel-en-tunisie_1473251_3232.html
   "Qui aurait pu penser qu'un tragique fait divers, l'immolation par le feu de Mohamed Bouazizi, entrainerait la chute d'une dictature de près de 24 ans ? Ce sont toujours les petits événements qui provoquent les grandes révolutions. On l'a vu dans la révolution française comme dans la révolution russe. Dans le cas tunisien, l'accélération de l'histoire montre à quel point, ce régime était fragile. L'acte héroique et tragique de Mohamed Bouazizi traduisait un désespoir envers un système inique qui condamnait une société entière à l'assujetissement. Le moindre signe de rébellion étant irrémédiablement sanctionné par une peine de prison ou pis encore, l'éliminitation physique du contestataire.
    Du fait divers à la révolte sociale et de la révolte sociale à la révolution politique, rien n'a pu empêcher l'arrêt de ce processus inexorable. Ni la répression, ni les interventions successives et d'ailleurs contradictoires de l'ex-président Ben Ali et notamment son dernier discours dans lequel tout en reconnaissant certains torts, il annoncait une batterie de mesures trompeuses et de toute manière, parfaitement irréalisables dans le contexte économique actuel.
    Aujourd'hui, je crains que le pire ne soit devant nous. La paix civile n'est toujours pas revenue, les manifestants influencés par les discours "jusqu'au-boutistes", refusent toutes les solutions de compromis politique. La dissolution du gouvernement d'unité nationale sous la pression populaire montre de manière explicite que la rue n'est prête à aucune concession. La persistance des troubles pourrait amener l'avènement d'un général surgi de nulle part, proclamant l'Etat de siège en attendant l'organisation d'élections "libres et transparentes" ou le cas échéant, son renvoi aux calendes grecques.
    Même si le dictateur déchu a exploité au maximum, et parfois hors de propos, la thèse suivant laquelle l'islamisme menace la Tunisie, je ne pense pas qu'un tel danger soit fictif. Entre l'aveuglement obsessionnel et l'angélisme vis-à-vis de l'islamisme, il existe une attitude médiane que la raison commande et la politique dicte. Dans l'état actuel des choses, l'hypothèse d'un raz-de-marée islamiste aux élections à venir n'est pas à exclure. Même s'il a été décapité par Ben Ali, le mouvement Ennahda reste très populaire en Tunisie. Il suffit pour s'en convaincre de voir avec quelle ferveur, le leader des islamistes tunisiens, Rachid Ghannouchi, a été accueilli dimanche dernier à Tunis par des milliers de sympathisants du mouvement, après un exil de vingt-deux ans au Royaume-Uni.
    Le péril islamiste est réel en Tunisie mais bien plus encore, en Egypte. Dans ce dernier cas, la situation est encore plus fragile, puisque les Frères musulmans n'ont jamais cessé d'exercer une influence permanente dans la société égyptienne, nonobstant les efforts du pouvoir pour neutraliser le mouvement. Mais les vraies chances de l'islamisme tunisien tiennent en trois constats rapides et simples : les héritiers du RCD, quelque soit l'étiquette sous laquelle ils jugeront opportun de se présenter sont vomis par la population : l'opposition légale, quant à elle, est réduite à la portion congrue et de plus largement discréditée, ayant joué le jeu de Ben Ali durant plus de vingt ans ; enfin le courant islamiste ayant été totalement écarté non seulement du pouvoir mais également de la vie politique, il est le seul à pouvoir se prévaloir d'une "pureté" absolue et à pouvoir clamer haut et fort n'avoir jamais été l'associé, l'instrument ou le faire-valoir du régime déchu.
    Ce constat est inquiétant. Il serait cruel de voir les Tunisiens passer de l'autoritarisme d'un dictateur à celui d'un théocrate. Il serait injuste pour le peuple tunisien que la révolution pacifique de jeunes et de diplomés chômeurs profite exclusivement aux islamistes. Pour le Dr Moncef Marzouki et Hamma Hammami, issus de la gauche laïque, les islamistes doivent être intégrés au processus politique démocratique. Cette position honorable est néanmoins très risquée, car rien ne dit que l'islamisme tunisien soit la réplique de l'islam turc, qui lui-même, montre depuis près de deux ans que le concept "d'islamisme modéré" n'est souvent qu'un cache-sexe destiné à rassurer les observateurs occidentaux.
    Cela pose, évidemment, la question fondamentale de la démocratie en terre d'islam. Pour certains, la démocratie est insoluble dans l'islam alors que pour d'autres, la démocratie et la religion du prophète seraient parfaitement compatibles. Il faut donc se libérer des analyses manichéennes car cette problématique théorique se teste jour après jour, en Tunisie. La Tunisie est donc aujourd'hui un laboratoire, à partir duquel sortira, soit le vaccin qui immunisera l'ensemble des sociétés arabes du népotisme, soit le virus qui propagera ce que le romancier et essayiste franco-tunisien Abdelwahab Meddeb a appelé "La maladie de l'islam".
    C'est Fernando Henrique Cardoso, à la suite de Tocqueville, qui a distingué "la démocratie comme valeur et la démocratie comme mécanisme". Le peuple tunisien a montré son attachement à la démocratie comme valeur nationale parce qu'universelle. Il lui reste maintenant à traduire cette passion démocratique en raison politique."


Monde

- La guerre en Afghanistan a tué au moins 2 400 civils en 2010 (Le Monde.fr) - Soit 6 fois Plomb fondu. Les forces de l'OTAN sont responsables de la mort de plus de 500 civils, c'est-à-dire plus que Plomb fondu. Et rien que pour l'année 2010. On attend encore les manifestations parisiennes et le Goldstone qui dénoncera les forces occidentales.
http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2011/02/01/la-guerre-en-afghanistan-a-tue-au-moins-2-400-civils-en-2010_1473351_3216.html#xtor=AL-32280184
   "Le conflit afghan a tué au moins 2 400 civils en 2010, soit plus de six personnes par jour, un record en neuf ans de guerre, a annoncé mardi l'ONG afghane ARM (Afghan Rights Monitor), qui fait également état de 3 200 blessés. Les groupes insurgés sont responsables de près des deux tiers de ces morts, les forces internationales de 21 % et les forces afghanes et "leurs milices alliées" de 12 %, détaille ARM dans son rapport annuel sur les "victimes civiles de la guerre".
    Les bombes artisanales posées par les insurgés restent l'arme la plus meurtrière : elles ont tué 693 civils et en ont blessé plus de 1 800 en 2010, bien plus que de soldats afghans ou étrangers qu'elles sont censées viser, selon l'ONG. ARM s'interroge néanmoins sur la possible utilisation de bombes à sous-munitions par les troupes américaines, soulignant que les causes des explosions touchant des civils sont souvent inconnues (bombes artisanales, mines ou explosifs datant de précédents conflits, autres bombes...)."

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