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14 février 2010 7 14 /02 /février /2010 01:13
France

- Manifestation anti-israélienne du 6 février 2010 avec le collectif Cheikh Yassine (Vidéo 17mn24)
http://www.dailymotion.com/video/xc75gg_manif-6-f%C3%A9vrier-2010-p2-vive-la-r%C3%A9s_news

- Ilan Halimi: quatre ans après sa mort, une cérémonie sur les lieux du drame (AFP)
http://www.lesechos.fr/depeches/france/afp_00230422-ilan-halimi--quatre-ans-apres-sa-mort--une-ceremonie-sur-les-lieux-du-drame.htm
   "Plusieurs dizaines de personnes ont participé samedi matin à une cérémonie en mémoire d'Ilan Halimi, à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne), sur les lieux où le jeune homme avait été retrouvé en février 2006, agonisant après son enlèvement et sa séquestration par le "gang des barbares", a-t-on appris de sources concordantes. Une cinquantaine de personnes selon la police, 200 d'après le maire de Sainte-Geneviève-des-Bois, ont assisté à l'hommage qui s'est déroulé le long d'une voie SNCF, à l'endroit où le corps d'Ilan Halimi a été découvert le 13 février 2006. Un arbre du souvenir signale cet emplacement.
    Ilan Halimi, jeune Juif de 23 ans, avait été enlevé en janvier 2006, avant de vivre un calvaire de 24 jours, séquestré et torturé dans une cave à Bagneux (Hauts-de-Seine) puis d'être abandonné nu, bâillonné, menotté, avec des traces de tortures et de brûlures. Il est mort sans pouvoir s'exprimer. Dans son discours prononcé samedi et transmis à l'AFP, le maire, Olivier Léonhardt (PS), a dénoncé "l'ignorance mélangée à la haine, l'inhumanité ajoutée au racisme et l'antisémitisme" qui ont conduit "jusqu'à l'ignoble". [...]"

- Frêche se demande s'il n'est pas "juif" (AFP)
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/02/13/01011-20100213FILWWW00691-freche-se-demande-s-il-n-est-pas-juif.php
   "Le président de la région Languedoc-Roussillon, Georges Frêche, a indiqué hier à La Redorte (Aude) qu'il se demandait s'il n'était pas "un petit peu juif", évoquant le fait que son nom de famille soit porté par des membres de "la communauté juive". "Je me demande si je ne suis pas un petit peu juif", a déclaré à des journalistes présents Georges Frêche, rapporte l'édition de samedi de la Dépêche du Midi dans son cahier régional. "Il y a beaucoup de Frêche dans la communauté juive", a ajouté le candidat à sa réélection lors d'un discours fleuve sur l'histoire du Canal des Deux Mers, lors d'une étape de campagne pour les élections régionales. [...]"

- Retour dans les dents (Primo) - Ou comment Noël Mamère apprend que ses préjugés ne sont pas universels.
http://www.primo-info.eu/
   "Le 28 janvier dernier, Noël Mamère, député de Gironde, parlait de sa suppléante socialiste, Naïma Charaï comme d’une musulmane opposée à une loi sur l'interdiction du voile intégral ou "burqa". La réponse de l’intéressée ne s’est pas fait attendre : "Militante féministe, laïque et socialiste, je n'accepte pas que mon député titulaire me présente comme une élue musulmane… j'ai toujours milité pour une loi pour l'interdiction de la burqa en France. Le voile intégral est pour moi l'étendard d'une idéologie sectaire et intégriste, attentatoire à la dignité humaine". Moralité : la condescendance ressemble parfois à un boomerang et quand on veut instrumentaliser quelqu’un, il vaut mieux commencer par se renseigner auprès de l’instrument."

- Les effroyables imposteurs, documentaire de Ted Anspach (40 mn)
http://plus7.arte.tv/fr/1697660,CmC=3051900.html
   "Formidable révolution démocratique, l'explosion de l'info sur la Toile, qui permet aujourd'hui aux citoyens iraniens de nous informer de la situation de leur pays, comporte aussi son lot de dérives. Le parti pris du réalisateur Ted Anspach est d'explorer cette face sombre du Net. Aujourd'hui des milliers de sites, engagés dans une incroyable course de vitesse, relayent immédiatement des milliers d'infos plus ou moins vérifiées. Dans cette confusion générale, l'opinion d'un idéologue, d'un extrémiste, finit par avoir la même valeur que celle d'un scientifique reconnu. Ce documentaire, à partir de séquences de propagande étonnantes saisies sur le vif, décortique la mécanique qui permet de tels excès et raconte comment, volontairement ou non, certains médias se rendent complices de ces dérapages et de cette désinformation."


Processus de paix

- Territoires palestiniens : Abbas ne doit pas reprendre les négociations (Guysen)
http://www.guysen.com/news_Territoires-palestiniens-Abbas-ne-doit-pas-reprendre-les-negociations_263756.html
   "Près de 70 académiciens et politiciens palestiniens ont appelé ce samedi le président palestinien Mahmoud Abbas à ne pas reprendre les négociations de paix avec Israël, rapporte la radio de l’armée."

- Dany Ayalon se confie au journal A-Shark Al-Awsat, Shraga Blum (Arouts 7) - sa proposition d'échange de territoires peuplés d'Arabes israéliens fait polémique.
http://www.actu.co.il/2010/02/dany-ayalon-se-confie-au-journal-a-shark-el-awsat/
   "Le vice-ministre des Affaires étrangères, Dany Ayalon, a accordé une interview au quotidien londonien en langue arabe « A-Shark Al-Awsat ». Interrogé sur le gel de la construction juive en Judée-Samarie, Ayalon a répondu « qu’exiger d’Israël de ne pas construire dans ces régions équivalait à exiger des Palestiniens de renoncer au droit du retour ». Il a précisé « que la présence de localités juives en Judée-Samarie n’était pas un obstacle à une paix entre Israéliens et Palestiniens, et que le démantèlement de certaines localités isolées ne serait pas un problème en cas d’accord sérieux et stable ».
    Ayalon a ensuite voulu préciser « que le Judaïsme n’était pas seulement une religion, mais aussi une identité nationale ainsi qu’un mode de vie. Nous respectons et estimons les Arabes, mais nous exigeons la même attitude en retour ». A la question du « départ des Juifs de Judée-Samarie en cas d’accord de paix », il a répondu : « Il y a en Israël 20% d’Arabes, pourquoi un Etat palestinien devrait-il refuser 20% de Juifs ? »
    Interrogé ensuite sur le programme de son parti, « Israël Beiteinou », de transférer la zone du « triangle » sous souveraineté palestinienne, il a répondu « que son parti était en faveur d’échange de territoires, et que des territoires habités par une nombreuse population arabe, comme le fameux ‘triangle’, soient cédés aux Palestiniens. Ainsi les habitants de ces régions n’auraient pas besoin de quitter leurs maisons ». [...] « Si les Arabes israéliens sont si fiers de se sentir Palestiniens, comme ils le disent à diverses occasions, pourquoi ne seraient.il pas alors heureux de faire partie d’un Etat palestinien ? De plus, leur niveau et ce qu’ils ont acquis en Israël seraient très utiles dans ce nouvel Etat…». Ayalon a insisté sur le fait « que les échanges de territoires sont la meilleure façon de réduire les risques de tensions et de conflits à l’avenir ». « Il serait bon que la majorité des Juifs habitent en Israël, et la majorité des Arabes Palestiniens en Palestine », a-t-il conclu.
    Les réactions aux propos du vice-ministre n’ont pas manqué d’attirer des réactions hostiles, et pas uniquement du côté arabe. Ahmed Tibi (Raam-Taal) [...] a clairement fait comprendre à Ayalon que « les Arabes avaient un droit sur cette terre contrairement aux Juifs » : « Ayalon et Lieberman souffrent d’un handicap basique dans leur compréhension de la démocratie et des droits du citoyen. Nous ne sommes pas les pions d’un jeu d’échec, et (contrairement à eux), nous ne sommes pas venus ici en avion et nous n’avons pas immigré ici. Nous ne voulons chasser personne d’ici, mais si l’on veut nous chasser, nous dirons : que celui qui est arrivé ici le dernier parte en premier, et il y aura moins de fascistes en Israël ».
    Les propos du vice-ministre ont immédiatement été critiqués par la gauche, à l’image d’Avishaï Braverman (Avoda) qui volait au secours des Arabes israéliens dont il est ministre de tutelle : « Ces déclarations vont à l’encontre de la politique du gouvernement qui entend donner des territoires du Néguev aux Palestiniens. Ce ne sont ni Ayalon ni son patron Lieberman qui diront aux Arabes où ils doivent aller habiter. »"


Israël

- The Road to Jerusalem (Reportage CBN 2mn09) - un reportage sur la découverte de la route datant de l'époque byzantine (Ve siècle).
http://www.dailymotion.com/video/xc7j35_the-road-to-jerusalem-cbn-com_news

- Israël : manifestation pour Shalit (Guysen)
http://www.guysen.com/news_Israel-manifestation-pour-Shalit_263701.html
   "Des centaines de personnes se sont rassemblées vendredi soir devant la résidence du Premier ministre israélien pour protester contre le gel des négociations sur Guilad Shalit."


Gaza & Hamas

- Israël : une roquette tombe dans le sud du pays (Guysen)
http://www.guysen.com/news_Israel-une-roquette-tombe-dans-le-sud-du-pays_263717.html
   "Une roquette tirée depuis la Bande de Gaza vendredi soir a atterri dans le sud du pays, sans faire ni victime ni dégât."

- La ville de Sdérot, cible des roquettes de Gaza, attend avec impatience son "dôme d'acier", Laurent Zecchini (Le Monde) - "Chaque missile intercepteur coûterait 100 000 dollars, alors que le prix de revient des roquettes Qassam et Grad est estimé respectivement à 100 dollars et 1 000 dollars", et selon certains "une roquette tirée de l'extrême-nord de la bande de Gaza aurait toute chance de frapper Sdérot en dépit de ce coûteux dispositif."
http://lemonde.fr/proche-orient/article/2010/02/13/la-ville-de-sderot-cible-des-roquettes-de-gaza-attend-avec-impatience-son-dome-d-acier_1305284_3218.html#ens_id=1228030
   "Les habitants de Sdérot "ne comprendraient pas" qu'ils ne soient pas les premiers à bénéficier de la protection du bouclier antimissile Iron Dome ("dôme d'acier") contre les roquettes palestiniennes tirées depuis Gaza. C'est dit sans colère, mais fermement : David Bouskila, maire de cette commune de 20 000 habitants qui, insiste-t-il, a reçu "plus de 8 000 roquettes en huit ans", estime que sa ville est "la plus légitime", parce que c'est elle "qui a le plus souffert". Mise au point par la société Rafael, une première batterie antimissile doit être déployée dans le sud d'Israël.
    Située à moins de 2 kilomètres au nord-est de la bande de Gaza, Sdérot est en effet la cible privilégiée des roquettes et obus de mortier tirés par le Hamas et autres groupes islamistes. Certes, la situation s'est calmée depuis la fin de l'opération "Plomb durci" menée au cours de l'hiver 2008 contre Gaza : Sdérot ne reçoit "plus" qu'une moyenne de deux à trois projectiles par mois [La plupart tombent ailleurs : "Plus de vingt roquettes et obus de mortier ont été tirés vers le territoire israélien depuis le début de l'année" (AFP)]. Le problème, tempête David Bouskila, est que le gouvernement a pris prétexte de cette accalmie pour réduire de 30 à 13 millions de shekels (5,8 à 2,5 millions d'euros) sa subvention annuelle à la municipalité.
    Or le maire en est convaincu : le Hamas peut reprendre son offensive "à tout moment". Aussi, en découvrant dans le quotidien Haaretz du 3 février que la première batterie de Iron Dome serait installée sur une base militaire du Néguev, au mépris de la protection de ses concitoyens, David Bouskila a pris un coup de sang : il a immédiatement téléphoné au ministre de la défense, Ehoud Barak, lequel ne l'a rassuré qu'à moitié : aucune décision ne serait encore prise.
    Mi-janvier, lorsque le gouvernement et l'armée israéliens ont célébré le "grand succès" des tests grandeur nature du système antimissile, les habitants de Sdérot n'ont pas douté que leur localité serait la première servie. Depuis, et bien qu'il soit toujours question de déployer une "capacité initiale" à l'été 2010, les doutes sur l'efficacité du système se sont accrus. L'Iron Dome est une défense antimissile dite "de théâtre", ayant vocation à intercepter les roquettes de courte portée Qassam, Katioucha et Grad. Pour les missiles de moyenne portée, les forces israéliennes devraient disposer du système David Sling, d'une portée maximale de 250 kilomètres, à partir de 2012.
    Au-delà, pour contrer une menace balistique de plus longue portée, comme les missiles Shahab-3 iraniens et Scud syriens, Israël compte sur ses missiles antimissile Arrow (Hetz dans sa version israélienne), développés en collaboration avec les Etats-Unis et opérationnels depuis 2000. Les autorités israéliennes estiment que lorsque les batteries d'Iron Dome seront opérationnelles le long de la bande de Gaza, ainsi que sur la frontière libanaise, des conflits comme celui de l'été 2006 contre le Hezbollah libanais et la guerre de Gaza de l'hiver 2008 pourront être évités. [...]
    Le ministère israélien de la défense aurait d'ores et déjà prévu un financement de 250 millions de dollars pour l'achat de sept batteries d'Iron Dome à Rafael. Si, selon Yossi Druker, directeur de la division défense aérienne de Rafael, une seule batterie, composée de vingt missiles intercepteurs, suffirait à protéger une ville comme Haïfa (1 million d'habitants), au moins vingt batteries seraient nécessaires pour défendre le nord et le sud d'Israël, pour un coût dépassant le milliard de shekels (190 millions d'euros). Chaque missile intercepteur coûterait 100 000 dollars, alors que le prix de revient des roquettes Qassam et Grad est estimé respectivement à 100 dollars et 1 000 dollars...
    Les experts indépendants insistent sur le fait qu'une roquette Qassam tirée de Beit Hanoun (nord de la bande Gaza) atteint Sdérot en quatorze secondes, alors qu'il faut, selon eux, environ trente secondes aux missiles d'Iron Dome pour réaliser une interception. De plus, le système est prévu pour détruire en vol des roquettes se situant entre 4,5 kilomètres et 70 kilomètres de distance : autrement dit, une roquette tirée de l'extrême-nord de la bande de Gaza aurait toute chance de frapper Sdérot en dépit de ce coûteux dispositif.
    Chez Rafael, on balaie ces critiques en les attribuant à de puissants intérêts industriels concurrents, et on affirme qu'Iron Dome sera capable de détruire tous les types de roquettes utilisés lors des conflits de ces dernières années. David Bouskila, de son côté, préfère ignorer les Cassandre, pour qui le "bouclier" antimissile israélien n'est pas encore tout à fait au point."

- Haniyeh interdit aux médias gazaouis de diffuser une vidéo à scandale (Guysen) - "Le Fatah s'est félicité de la ''décision responsable'' du Hamas".
http://www.guysen.com/news_Haniyeh-interdit-aux-medias-gazaouis-de-diffuser-une-video-a-scandale_263767.html
   "Le chef du gouvernement Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a interdit aux médias gazaouis de diffuser la vidéo montrant le chef de cabinet du président palestinien Mahmoud Abbas, dans une situation intime avec une femme. Le Fatah s'est félicité de la ''décision responsable'' du Hamas. Le mouvement terroriste ne s'est pas pour autant privé de piquer le Fatah et de l'appeler à ''vomir de son sein'' les corrompus, quelques jours après la publication d'un rapport faisant état de détournement de millions de dollars d'aide internationale par des cadres de l'Autorité palestinienne."


Judée-Samarie & AP

- Attentat déjoué à Kalandiya (Arouts 7)
http://www.actu.co.il/2010/02/attentat-dejoue-a-kalandiya/
   "Les gardes-frontières ont intercepté un Arabe palestinien armé d’un couteau, au barrage de Kalandiya. Lors de son interrogatoire, il a avoué avoir eu l’intention de commettre un attentat, et avoir lancé à plusieurs reprises des pierres contre les soldats ou policiers en poste au checkpoint durant ces dernières semaines."

- Fayyad pour un boycott mondial des produits de « Yesha » (Arouts 7)
http://www.actu.co.il/2010/02/fayyad-pour-un-boycott-mondial-des-produits-de-yesha/
   "Lors d’un séminaire organisé à l’Université « Al Quds » de Tulkarem, le chef de cabinet palestinien, Salam Fayyad, s’est prononcé pour « un boycott mondial des produits fabriqués par des entreprises juives en Judée-Samarie ». Arguant que le commerce de ces produits « est contraire à la 4e Convention de Genève », il a annoncé que l’Autorité Palestinienne allait oeuvrer avec insistance auprès de la communauté internationale afin qu’elle barre la route à ces produits. [...]"

- AP : “la campagne antiterroriste d’Israël va trop loin” (Juif.org) - Jérusalem essaierait d'empêcher une "coopération croissante entre Gaza et l’Iran".
http://www.juif.org/go-news-121056.php
   "Israël va trop loin en assassinant de plus en plus de terroristes dans tout le Proche Orient, a déclaré un haut responsable palestinien de Ramallah au journal londonien The Times. La source palestinienne a déclaré qu’« Israël outrepasse ses frontières ». « Les autres pays ne veulent pas devenir un champ de bataille pour le conflit entre israéliens et palestiniens, » a-t-il rajouté.
    Le journal britannique affirme qu’Israël mène actuellement une « campagne d’assassinats clandestins » à travers le Proche Orient. Entre autre attaque, The Times cite l’explosion d’un « bus touristique » à l’extérieur de Damas, qui a tué des responsables iraniens et du Hamas. Dans un autre cas, plusieurs personnes ont été tuées lorsqu’une réunion entre des membres du Hamas et du Hezbollah a été également visée à Beyrouth. « Il y a une coopération croissante entre Gaza et l’Iran, » déclare un responsable palestinien sous couvert d’anonymat. « Israël peut lire entre les lignes et ils savent que, avec l’aide de l’Iran, le gouvernement du Hamas a Gaza deviendra plus fort et combattra mieux. »
    Dans le même temps, un diplomate égyptien a déclaré au journal que le Caire était conscient de la campagne d’assassinat menée par Israël. « Nous regardons leurs allées et venues ; nous sommes conscient qu’il y a plus d’activité sur notre sol et dans d’autres pays de la région, » a-t-il déclaré. « Ils cherchent à nous plonger dans le conflit ». The Times en déduit qu’Israël est bien en train de reprendre et d’intensifier sa campagne antiterroriste."


Egypte

- Bande de Gaza : quatre pêcheurs palestiniens arrêtés (Guysen)
http://www.guysen.com/news_Bande-de-Gaza-quatre-pecheurs-palestiniens-arretes_263725.html
   "Quatre pêcheurs palestiniens ont été arrêtés par la marine égyptienne au large de la Bande de Gaza, a-t-on appris ce samedi."


Liban & Syrie

- Cinq ans après la mort de Rafic Hariri, le Tribunal pour le Liban n'a toujours pas rassemblé de preuves décisives, Stéphanie Maupas (Le Monde) - "Si on estime que c'est le Hezbollah, on peut assumer qu'il n'aurait jamais fait cela sans l'aval de la Syrie, et éventuellement l'aide de l'Iran".
http://lemonde.fr/proche-orient/article/2010/02/13/cinq-ans-apres-la-mort-de-rafic-hariri-le-tribunal-pour-le-liban-n-a-toujours-pas-rassemble-de-preuves-decisives_1305287_3218.html#ens_id=628857
   "Cinq ans après l'assassinat de l'ancien premier ministre libanais Rafic Hariri dans un attentat à la voiture piégée perpétré au coeur de Beyrouth, le 14 février 2005, le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) ne compte ni accusés ni fugitifs. Son procureur, le Canadien Daniel Bellemare, affirme que "l'enquête avance", mais, à Beyrouth, le doute s'installe, même si le tribunal n'est plus aujourd'hui au centre du jeu politique libanais. [...]
    Mais malgré ces erreurs de parcours, l'enquête avance. Le réseau des téléphones portables utilisés par les exécutants a été identifié. Il conduirait, selon certaines sources, à des responsables au sein même du mouvement chiite libanais Hezbollah. C'est ce qu'assurait un article publié en mai 2009 par le magazine allemand Der Spiegel, pointant des membres des opérations spéciales du Hezbollah. "Qui est la taupe ?", s'interrogeait alors un chercheur proche de l'enquête.
    Même si les fuites tombaient à point nommé pour la majorité anti-syrienne, à quelques jours des élections législatives de juin, plusieurs sources jugent crédible l'essentiel des révélations du Spiegel. Mais elles ne dédouaneraient pas la Syrie. "Si on estime que c'est le Hezbollah, on peut assumer qu'il n'aurait jamais fait cela sans l'aval de la Syrie, et éventuellement l'aide de l'Iran", affirme une source au sein de l'enquête.
    Mais même basée sur des éléments concrets, l'analyse ne suffit pas à monter un dossier judiciaire. "Il est impossible de pénétrer des groupes ou des organisations aussi importants que ceux qui ont commis l'attentat, et il est difficile de travailler dans un pays où il existe des zones de non-droit", affirme un autre enquêteur. Des groupes impossibles à infiltrer, des témoins qui disparaissent, une scène de crime passée au bulldozer le jour même de l'attentat : le tribunal travaille dans un contexte politique peu favorable. [...]"

- Ayalon : la Syrie sous l'influence de l'Iran (Guysen)
http://www.guysen.com/news_Ayalon-la-Syrie-sous-l-influence-de-l-Iran_263731.html
   "Au cours d'un événement culturel organisé à Givatayim ce samedi, le vice-ministre des Affaires étrangères Danny Ayalon a soutenu que "la dernière provocation syrienne" était "le résultat d'une incitation de l'Iran, qui vise à provoquer la guerre afin d'attirer l'attention du monde sur un autre sujet que son programme nucléaire"."


Monde arabe

- AP : Abbas menace de boycotter le sommet arabe (Guysen)
http://www.guysen.com/news_AP-Abbas-menace-de-boycotter-le-sommet-arabe_263697.html
   "Le président palestinien Mahmoud Abbas a menacé ce samedi de boycotter le sommet arabe prévu en mars si le leader du Hamas Khaled Mechaal y participe."


Iran

- L'Iran est candidat pour siéger au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, Agathe Duparc (Le Monde) - "si l'Iran en devient membre, ce sera un signal désastreux".
http://lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/02/13/l-iran-est-candidat-pour-sieger-au-conseil-des-droits-de-l-homme-de-l-onu_1305285_3216.html#ens_id=1190750
   "L'Iran sera-t-il bientôt membre du Conseil des droits de l'homme des Nations unies ? Engagée dans une spirale de répression toujours plus intense, la République islamique est candidate pour siéger, en juin, au sein de l'organe chargé de promouvoir la défense des droits humains et d'émettre des recommandations sur les violations. [...]
    "Le Conseil des droits de l'homme n'a pas été créé pour être le club des Etats vertueux, mais si l'Iran en devient membre, ce sera un signal désastreux", explique un diplomate occidental, confirmant qu'une bataille en coulisses a bien commencé pour contrer ce scénario. En mai, l'Assemblée générale de l'ONU, à New York, votera pour le renouvellement d'une quinzaine de sièges au sein du Conseil, qui compte 47 pays membres, répartis dans cinq groupes régionaux. [...] Déjà, des rumeurs font état de pressions sur l'un des quatre autres candidats du groupe asiatique, afin de laisser la voie libre à Téhéran.
    Outre l'énormité et l'intensité de la répression actuelle, la République islamique fait partie des pays qui, chaque année, sont épinglés par l'ONU dans une résolution concernant la situation des droits humains, comme la Birmanie et la Corée du Nord. Enfin, depuis 2005, le pays a fermé ses portes à tous les rapporteurs de l'ONU. L'examen périodique universel auquel Téhéran se soumettra lundi n'en sera suivi qu'avec plus d'attention. "C'est un test. Si les Iraniens refusent toutes les recommandations, on pourra d'autant mieux arguer que leur candidature au Conseil des droits de l'homme est surréaliste", avance un diplomate européen. [...] Lundi, la séance d'examen se déroulera ainsi : l'Iran exposera ses "progrès" en matière de droits de l'homme. Puis un "dialogue interactif " s'engagera dans la salle, les Etats étant autorisés à poser des questions et faire des recommandations."

- L'Iran bluffe sur le nucléaire, estiment des experts (AFP) - "le gouvernement iranien est fragilisé à l'intérieur du pays".
http://www.ragazou.com/article-l-iran-bluffe-sur-le-nucleaire-estiment-des-experts-44878510.html
   "L'Iran «bluffe» sur le nucléaire en défiant les Occidentaux qui ne devraient pas s'engager dans des négociations susceptibles de renforcer le régime fragilisé du président Mahmoud Ahmadinejad, estiment des experts interrogés à Paris par l'AFP. [...] «Les experts sont unanimes pour estimer que l'Iran n'a pas la capacité d'enrichir l'uranium à 20%», affirme Karim Pakzad, chercheur à l'IRIS (Institut des relations internationales et stratégiques) à Paris. «En termes politiques Ahmadinejad bluffe parce que le gouvernement iranien est fragilisé à l'intérieur du pays», estime-t-il. [...]"

- Halutz : Israël ne peut pas s’attaquer à l’Iran seul (Guysen)
http://www.guysen.com/news_Halutz-Israel-ne-peut-pas-s-attaquer-a-l-Iran-seul_263747.html
   "L’ancien chef d’état-major de Tsahal, Dan Halutz, a soutenu ce samedi qu’Israël ne pouvait pas affronter l’Iran seul."


Europe

- Allemagne: 5.000 néonazis à Dresde, des milliers de contre-manifestants (AFP) - les néo-nazis veulent rendre "hommage aux quelque 25.000 victimes civiles des bombardements alliés sur la ville".
http://www.lesechos.fr/depeches/monde/afp_00230398-allemagne--5-000-neonazis-a-dresde--des-milliers-de-contre-manifestants.htm
   "Quelque 5.000 néonazis se sont rassemblés samedi après-midi à Dresde (est de l'Allemagne) pour le 65e anniversaire du bombardement de la ville par les forces alliées, tandis qu'une chaîne humaine a réuni 10.000 contre-manifestants pour dénoncer cette "marche funèbre". Vers 16H00 (15H00 GMT), environ 5.000 extrémistes de droite étaient réunis sur leur lieu de rassemblement, devant la gare Neustadt, où étaient prononcés des discours, contre 1.300 en début d'après-midi, a indiqué à l'AFP un porte-parole de la police locale. [...] Au moins 6.500 extrémistes de droite étaient attendus à cette manifestation, selon les estimations de la police locale, qui a déployé un important dispositif pour éviter les heurts entre manifestants.
    La manifestation organisée chaque année en février à Dresde est l'une de celles où se rassemblent le plus grand nombre de néonazis allemands pour leur traditionnelle "marche funèbre" en hommage aux quelque 25.000 victimes civiles des bombardements alliés sur la ville, les 13 et 14 février 1945. La Saxe, l'Etat régional de Dresde, est celui d'Allemagne où le parti néonazi NPD est le mieux implanté avec huit députés au Parlement régional."

- La baronne Jenny Tonge est sanctionnée par son parti (Philosémitisme) - "While I do not believe that Jenny Tonge is anti-semitic or racist, I regard her comments as wholly unacceptable".
http://philosemitismeblog.blogspot.com/2010/02/la-baronne-jenny-tonge-est-sanctionnee.html
   "Source: Jenny Tonge stripped of Lords' role, Jewish Chronicle
    Contexte: Haïti: Israël accusé de trafic d'organes - la baronne Jenny Tonge veut une enquête"
    "[...] In a statement issued on Friday afternoon Mr Clegg said: “Following discussions with the Leader of the Liberal Democrats in the House of Lords, Lord McNally, I have decided that Jenny Tonge will stand down as Liberal Democrat Health spokesperson in the Lords following her unacceptable comments suggesting an inquiry into highly offensive allegations against the IDF humanitarian operation in Haiti." "The comments were wrong, distasteful and provocative and I recognise the deep and understandable distress they have caused to the Jewish community." "While I do not believe that Jenny Tonge is anti-semitic or racist, I regard her comments as wholly unacceptable.  Jenny Tonge apologises unreservedly for the offence she has caused."
    Liberal Democrat candidate for Hampstead and Kilburn Ed Fordham said: "Nick Clegg has done the right thing. Jenny had gone beyond what was acceptable and Nick promised he would act - he has now taken incredibly severe action. Jenny's comments were damaging within the community and also to the wider debate about the Middle East"."


Monde

- Somalie: trois jeunes fouettés en public pour avoir regardé de la pornographie (AFP) - "la jeune femme criait pendant qu'elle recevait la punition".
http://www.lesechos.fr/depeches/monde/afp_00230348-somalie--trois-jeunes-fouettes-en-public-pour-avoir-regarde-de-la-pornographie.htm
   "Les insurgés islamistes radicaux somaliens des shebab ont fait fouetter en public trois jeunes gens, coupables d'avoir regardé des vidéos pornographiques sur leur téléphone portable, ont indiqué samedi des témoins à Kismayo (sud). Les trois Somaliens, deux hommes et une femme âgés d'une trentaine d'années, ont reçu chacun trente coups de fouet, devant une foule de quelques centaines de personnes. Ils ont également été condamnés à 25 jours de prison.
    "J'ai participé au rassemblement; la jeune femme criait pendant qu'elle recevait la punition. C'est un signal pour tous ceux qui utilisent leur téléphone pour regarder des films avec des scènes de nu", a raconté Abdulahi Hasan, un témoin de la scène. Selon un autre témoin, Nur Adan Muktar, le délit était auparavant passible de 15 coups de fouet et 15 jours d'emprisonnement, mais la peine a été alourdie en raison du nombre croissant de personnes arrêtées pour avoir regardé des films considérés comme illicites par les shebab. [...]"


Point de vue

- La face gauche du voile, Laurent Bouvet (Professeur de science politique à l'université de Nice et à Sciences Po Paris) - "On ne peut qu’être étonné d’entendre des responsables politiques qui se réclament encore ouvertement du marxisme se perdre aussi facilement dans les illusions de la liberté religieuse !"
http://www.telos-eu.com/fr/article/la_face_gauche_du_voile
   "[...] Il y a d’abord dans cette affaire une confusion délibérée, érigée en principe politique. On nous explique du côté du NPA que tout est désormais possible puisque l’on peut être à la fois anticapitaliste, féministe, laïque et porter le voile. En d’autres termes, toutes les combinaisons d’opinions, de croyances et de choix sont disponibles et compatibles à l’envi.
    La première conséquence en est que toute pensée s’en tenant à une certaine cohérence, qu’elle soit républicaine, marxiste, féministe, libérale, se voit présenter comme dépassée. Ainsi a-t-on pu entendre de brillants esprits disserter sur les différentes conceptions possibles de la laïcité : une « vieille », républicaine, fermée et sourde aux différences identitaires, et une « nouvelle », ouverte, multiculturelle, acceptant de laisser passer librement entre privé et public toutes sortes d’appartenances identitaires.
    S’esquisse ainsi une nouvelle version du progrès : pourquoi donc ne pourrait-on pas voir demain des élus de la République, voire des fonctionnaires et agents publics, porter fièrement toutes sortes de signes témoignant de leur appartenance religieuse, politique, philosophique ou autre ? Il n’y aurait rien de gênant à cela puisque la liberté individuelle de se vêtir, coiffer ou comporter comme on l’entend serait respectée. Cet esprit individualiste et libéral du temps, qui se présente en toute bonne foi comme une sorte de progrès par rapport à des principes qui ne correspondraient plus à l’état de la société, pose néanmoins quelques problèmes de cohérence. On se contentera d’en évoquer deux.
    La première difficulté vient du rapport au libéralisme sous-jacent à de telles considérations, à gauche tout particulièrement. L’argument principal à l’appui de la thèse favorable au port du voile par la candidate de NPA est simple et repris à loisir : pourquoi cette jeune femme ne pourrait-elle pas porter ce voile dès lors que c’est un choix individuel ? On notera au passage que la question de la réelle possibilité de choix offerte à certaines femmes musulmanes de porter le voile est supposée résolue a priori. Mais admettons la possibilité de libre choix individuel comme base de la discussion. Comment dès lors, ceux qui prônent cette liberté de choix « absolue » pour l’individu, puisqu’elle doit pouvoir s’exprimer jusque dans le cadre d’une candidature à une fonction publique, peuvent-ils, en même temps, refuser l’idée de cette même liberté de choix à l’individu comme agent économique : travailleur, consommateur, investisseur ? Comment être libéral voire ultralibéral en matière de choix d’expression des convictions, croyances ou opinions et antilibéral en matière de choix économique ? L’individu serait-il moins rationnel, et devrait-il donc être moins libre, pour choisir de croire à telle ou telle religion ou en telle ou telle opinion que lorsqu’il doit choisir de consommer, de travailler ou d’investir ?
    Or, précisément, et c’est la deuxième difficulté soulevée par la prise de position d’Olivier Besancenot notamment, le marxisme – et le trotskysme à sa suite – nous enseigne que l’on ne peut pas faire confiance au choix individuel tel qu’il a été décrit par les libéraux, justement parce qu’il n’est pas libre mais contraint avant tout par son environnement économique (le rapport de force dans la production) puis par son environnement religieux, politique, philosophique, juridique, social… qui est construit à partir du premier pour en légitimer les effets sur l’organisation sociale. C’est classiquement le rapport de la « superstructure » (la politique, la religion, le droit, les idées…) à « l’infrastructure » (l’économie). Marx s’est d’ailleurs appuyé sur la religion, qu’il qualifiait selon sa célèbre formule « d’opium du peuple », pour décrire le mécanisme à l’œuvre dans ce qu’il appelle « l’idéologie », c’est-à-dire tout ce qui trompe l’individu par de fausses représentations de la réalité (économique) sur lui-même, ses besoins et ses désirs à l’âge du capitalisme libéral. Les capitalistes, les bourgeois, les possédants, utilisant leur situation favorable dans le rapport de force économique pour imposer leur idéologie et affermir ainsi leur domination sur les prolétaires en leur faisant croire, notamment, que ce système est celui qui leur assure la meilleure situation possible.
    On ne peut donc qu’être étonné d’entendre, à l’occasion de cette affaire de voile, des responsables politiques qui se réclament encore ouvertement du marxisme se perdre aussi facilement dans les illusions de la liberté religieuse ! En effet si, comme le laisse supposer leur anticapitalisme militant, l’on prend au sérieux l’idée que c’est le rapport de force dans la production qui commande, alors la liberté individuelle, le choix des modalités de sa croyance religieuse et de l’expression de celle-ci dans l’espace public, ne peut être qu’une illusion, voulue, construite et manipulée… par le système capitaliste pour faire accepter les réels intérêts de celui-ci. En clair, s’ils refusent le capitalisme et la loi du marché, ils doivent alors, en toute logique, refuser les libertés et droits bourgeois, « formels » selon l’expression consacrée, qui vont avec. [...]
    Ce pas de deux de l’antilibéralisme avec le libéralisme est enfin préoccupant pour la gauche. Car en stratège aux petits pieds, Olivier Besancenot ravive, par son incohérence doctrinale fondamentale, le clivage sur la République et les principes de la vie en société ; un clivage qui est, au sein de la gauche, bien plus inquiétant et lourd de conséquences que celui qui porte, comme il voudrait nous le faire croire à longueur de tirades formatées pour les médias, sur l’économie."


Sayyid Qutb

- Mystique et politique, Olivier Carré (diplômé d'arabe, docteur en sociologie, docteur ès lettres) - Le rapport des islamistes radicaux envers les Juifs : "ce combat est idéologique, doctrinal, et non pas foncièrement économique, national ou stratégique. La guerre est donc ininterrompue et intégrale". Le détour par Sayyid Qutb est à ce titre très éclairant pour comprendre cette dimension religieuse essentielle de l'antisémitisme (et de l'anti-christianisme) des groupes proches des Frères musulmans. Une lecture franchement fascinante.
http://www.amazon.fr/Mystique-politique-islamistes-commentaire-coranique/dp/2204072451/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=books&qid=1265970722&sr=8-1
   "Sayyid Qutb est, après Bannâ, le principal penseur des Frères musulmans. Interpellé, arrêté, emprisonné puis exécuté en 1966, Qutb est le symbole du Frère musulman. Son Fî zilâl al-qur'ân (A l'ombre du Coran) est le texte-icône des mouvements islamistes militants actuels dans le monde arabe entier, la Turquie, le plateau iranien et afghan, le Pakistan, l'Inde et l'Afrique noire musulmane."
Introduction, extrait :
   "Nous croyons que les idées mènent le monde, une fois qu'elles ont le statut de convictions partagées. Les conditions sociales et économiques de l'élaboration des idées et de leur diffusion avec le coefficient de la conviction, ces conditions n'ont qu'un faible intérêt une fois que les convictions sont à l'oeuvre. Et il est vain de croire, naïvement, que des modifications sociales et économiques nouvelles annuleront des convictions écloses antérieurement. Tous les conflits en cours au Moyen-Orient sont des conflits essentiellement idéologiques, ce sont des guerres de religion, si l'on entend par religion toute espèce de conviction, de foi en un système explicatif de l'univers et, en particulier, explicatif de telle société. Nul n'est disposé à mourir volontairement - outre le cas de désespoir - que par une conviction, une foi. Et c'est là le malheur des convictions, des utopies : elles engendrent nécessairement la violence. En ce sens, le Zilâl de Qutb est bien responsable du "terrorisme" des groupuscules égyptiens du nom de Takfîr (anathème) [notion importante chez Qutb, nous le verrons], ou de Jihad (guerre, notion centrale chez Qutb), ou plus généralement des qutbistes depuis 1974 [...]. Telle est la logique d'une utopie.

Chapitre III - Juifs et chrétiens dans la société islamique idéale du Zilâl :
   "Le Zilâl définit le statut des gens qui, dans la société islamique à créer pour demain, ne sont pas musulmans mais d'appartenance chrétienne ou juive. Qutb déconseillait très vivement [...] les mariages mixtes quels qu'ils soient. C'était donc, a priori, définir la société islamique comme comportant des communautés juives et chrétiennes séparées de la communauté musulmane majoritaire et dominante. Cela est la vue traditionnelle en Islam, et elle est coranique. Mais comme le Coran reflète, de manière immédiate et dramatique, l'évolution des relations entre Muhammed et les tribus juives de Médine, puis les tribus chrétiennes de l'Arabie [...], il s'ensuit que le texte coranique évolue très sensiblement vers un durcissement à l'égard des juifs puis des chrétiens d'Arabie. Les juifs sont progressivement expulsés par la force de Médine puis de l'Arabie entière. Les variations du texte coranique ont autorisé aussi bien la plus grande tolérance religieuse mutuelle que la plus violente intolérance. Quelle sera la position du Zilâl ? [...]

1. Tolérance et Jizya
    Qutb souligne l'immense tolérance prescrite par Dieu dans le Coran en dépit des ruses et des complots des juifs et des chrétiens. Le Coran met en garde contre eux, mais prescrit de ne pas imiter en retour leur comportement envers les musulmans. Il faut, dit Qutb, "aimer le bien du genre humain sans haïr ceux qui lui font du mal" [...]. L'idée du Zilâl est nette : c'est bien de tolérance qu'il s'agit, puisque c'est à l'égard de groupes foncièrement hostiles.
    Voilà pourquoi la taxe personnelle (capitation) de la jizya est juste et inévitable sur tout adulte mâle juif ou chrétien. La création de la jizya est venue, selon Qutb, de l'impossibilité de la fusion des deux systèmes, le coranique et le non coranique. Imperméabilité de nature, non pas de circonstance. D'où la permanence de la jizya, qui marque le côtoiement, pas la coexistence. [...] La jizya est essentiellement l'expression de cette reconnaissance du pouvoir islamique par les non-musulmans. [...]
    Une fois la trêve instaurée et la soumission sanctionnée par la jizya personnelle annuelle, les rapports avec les non-musulmans seront excellents, dit Qutb, pourvu qu'ils ne soient plus hostiles dans les faits malgré leur hostilité foncière essentielle. Les musulmans auront avec eux des rapports de "bonté" (bi-al-husnâ) comme le recommande le Coran, mais pas d'attachements mutuels, de soutiens réciproques, d'amitiés, choses qui ne se peuvent qu'entre musulmans, c'est-à-dire véritablement "en Dieu et en son programme de vie". Avoir des relations semblables avec des juifs ou des chrétiens dans la société musulmane, ce serait, en fait, selon Qutb, leur faire allégeance (walâ') d'une manière ou d'une autre, ce que le Coran interdit catégoriquement. Aussi est-il naturel, précise encore Qutb, que la capacité juridique des juifs et chrétiens soit limitée, en société musulmane : un homme non musulman ne peut témoigner validement en justice contre une femme musulmane. C'est que, explique-t-il, ils n'ont pas d'intérêt à "la propreté de la société musulmane", ils ne sont pas fiables, pas plus de nos jours qu'à l'origine, quand il fut clair que, à Médine - malgré le premier accord conclu par Muhammad -, les juifs étaient la communauté ayant l'adhésion la plus faible au chef Muhammad. Tout le travail d'infiltration destructrice des juifs, puis des chrétiens aussi, dans la communauté musulmane apparaissait de plus en plus, et il n'a jamais cessé depuis. [...]

2. L'islamité essentielle du judaïsme et du christianisme
    Le Zilâl développe quelque peu l'argumentation coranique assez précise et bien connue concernant le judaïsme et le christianisme dans leurs messages authentiques.
    L'islam, dit Qutb, commentant les longs passages de la sourate 2, Baqara, dans lesquels Dieu s'efforce en vain de convaincre les juifs puis, bien plus tard, les chrétiens, l'Islam donc, est antérieur au christianisme et au judaïsme. Il est, en effet, le hanîfisme (sincérité) primordial, celui d'Abraham, d'Ismaël et de Jacob puis des douze tribus d'Israël, bien avant Moïse et Jésus. Les musulmans sont la descendance spirituelle d'Abraham. Les juifs d'aujourd'hui ont une interprétation tout à fait différente du concept de "descendance" et d'"héritage" d'Abraham, de ses fils, de Jacob et des "tribus". La décision coranique de changer l'orientation (qibla) de la prière musulmane consacre la séparation d'avec le judaïsme : l'Islam n'est pas le judaïsme des juifs de Médine ni d'ailleurs, il est le vrai judaïsme, ou plutôt l'accomplissement, la vérité dernière, du judaïsme. Nous touchons alors à la question de l'Alliance (mîthâq) ou de la Promesse (ahd).
    Cette promesse, ce testament, ce pacte remonte à l'origine de l'humanité : Adam est institué "lieutenant de Dieu sur la terre" par un pacte primordial qui inclut les conditions de cette lieutenance du côté de l'homme et du côté du Créateur. Celui-ci lui accorde la connaissance des choses nécessaires à cette lieutenance, et l'homme, de son côté, s'engage à n'adorer que Dieu l'unique et à vivre selon sa loi. Or c'est le même pacte qui est renouvelé avec Abraham, avec les fils d'Israël, puis avec la "communauté musulmane", la seule à être demeurée fidèle au pacte. Or les gens du Livre prétendent, dit Qutb, accaparer la promesse de Dieu faite à Abraham, alors qu'en réalité, étant devenus polythéistes, ils ne sont même plus les héritiers d'Abraham, par définition même du pacte. Les seuls qui se trouveront être fidèle à ce dernier, ce seront eux les héritiers d'Abraham, c'est-à-dire les musulmans. L'erreur des juifs, c'est d'avoir sécrété pour leur peuple un statut propre, une morale propre, se séparant des "gentils" (ummîyyûn), trafiquant avec les autres peuples l'Alliance, la Promesse, dans leur intérêt communautaire, ethnique. [...]
    Et Qutb d'affirmer que, même après des siècles de distorsions théologiques, un chrétien, autant qu'un juif, s'il est de bonne foi, adhère nécessairement à l'unique religion, l'Islam, sa religion, la religion de Jésus. [...] En authentique musulman, Jésus fut anticlérical, comme l'est l'Islam [...].
    Dans les premiers temps de l'hégire, les juifs médinois se réfèrent aussi bien à leur Torah qu'à la révélation coranique ou à la coutume (urf) arabe : ils sont musulmans, mais imparfaitement encore. Plus tard, devenus hostiles, ils apparaissent alors comme les adversaires naturels, dit Qutb, en tant que juifs, et pas seulement en tant que juifs médinois, du Coran et de l'Islam. [...]
    Ainsi le destin raisonnable et bon des vrais chrétiens et des vrais juifs, c'est de rejoindre la communauté musulmane. Le Coran les décrit, et, dit Qutb, ceux-là "croient d'une foi musulmane" c'est-à-dire dans le Livre entier, le Coran. Ils forment "la bonne minorité" des gens du Livre, "ils ont rejoint le train de l'Islam", "les rangs musulmans", ils vérifient "les marques de la communauté" musulmane. [...] Les autres, la majorité, n'ont d'autre destin, tôt ou tard, que d'être vaincus par les musulmans. Leur destinée décidée par Dieu ne diffère de celle des incroyants en général (kufar).
    Le statut spécial des gens du Livre dans l'Etat islamique paraît, dès lors, bien précaire, encore que Qutb ne le mette pas en cause, nous l'avons dit au début de ce chapitre. Nous touchons, en vérité, au point central de la méditation de Qutb : l'hostilité juive et chrétienne, d'une part, la lutte musulmane contre juifs et chrétiens d'autre part.

3. La foncière hostilité juive et chrétienne à l'Islam
    Le Zilâl développe d'abord l'idée du polythéisme de fait des chrétiens et des juifs, puis de leur agressivité permanente contre l'Islam [...].
    Selon Qutb les versets 29-35 de la source 9 (Tawba, ou Barâ'a) sont des versets définitifs concernant les "gens du Livre", qui abrogent les versets favorables de la sourate 5 (Mâ'ida) et du début de la sourate 2 (Baqara). Les gens du Livre sont déclarés par Dieu en erreur manifeste, toute semblable à celle des polythéistes arabes et des idolâtres romains ou autres. Ils défaillent sur le fondement même de la foi. Donc il n'y a aucun profit à les fréquenter. Les chrétiens ont divinisé Jésus, par l'oeuvre de Paul et des conciles oecuméniques, les juifs ont divinisé Esdras, du moins certains d'entre eux. Donc, en définitive, ni les uns ni les autres ne sont des "gens de religion". Ils ont rompu le pacte primordial et plusieurs fois renouvelé. On ne peut rien, de nos jours, avec eux, face à l'athéisme, ils sont eux-mêmes pénétrés d'incroyance (kufr) et de despotisme (tughyân) dogmatique, puis clérical, puis nationaliste... Pour Qutb, l'excommunication coranique tardive des juifs et des chrétiens est interprétée comme abrogeante, définitive, par un hadîth authentique de Muhammad lui-même, et ce hadîth a valeur interprétative décisive : ils suivent des maîtres humains pour leur loi (sharîa) et leur gouverne (hukm), et en cela ils les servent (ibâda) comme des dieux. [...] Pas de différence entre eux, donc. Tous dans l'errance (Jâhiliyya) : incroyance, juifs, chrétiens.
    Pourtant si, il y a une différence, et elle est monstrueuse : ils savent que le Coran est leur Livre, mais ils le refusent au profit de lois humaines ; ils abandonnent sciemment la vérité certaine pour des vérités incertaines, d'opinion ou d'intuition, non de révélation. Ils discutent et rejettent des pans entiers du Coran, or c'est tout ou rien, et ils le savent. Davantage, ils insinuent perpétuellement le doute et la défaillance (fasâd) chez les musulmans. Cette agression juive et chrétienne est congénitale à l'Islam puisque la communauté musulmane a pour mission d'origine la direction du genre humain à la suite et à la place des juifs et des chrétiens. Il y a donc une lutte permanente et naturelle pour le leadership du genre humain.
    Pour les juifs, ils se plongent dans des mythes et des fables, dès l'écriture de leurs propres livres bibliques. Ainsi du mythe de la tour de Babel, que Qutb cite largement dans le texte biblique (Genèse, 11). Ils se livrent, au long des siècles, à une exégèse symbolique (ta'wîl) compliquée pour détourner de leurs vrais buts les expressions de la Torah. Pourquoi ? Parce que, sinon, ils seraient conduits à embrasser l'Islam, le Coran étant le livre dernier et la source unique des livres antérieurs, Torah et Evangile. En fait, depuis quatorze siècles, les juifs forment un bloc compact en guerre contre l'Islam et contre les musulmans par diverses ruses. L'impérialisme européen puis américain moderne a des juifs à sa racine. [...]
    Aujourd'hui, ce grand train de la croisade a trouvé alliance avec le sionisme dans le but précis de détruire l'Islam, bref d'effacer Yarmouk ! Juifs et chrétiens, de nos jours, savent que l'Islam est la seule "religion de la vie" qui demeure. Aussi s'efforcent-ils de réduire toute religion à une collection de sentiments et de rites, hors de la vie réelle. La campagne pour l'athéisme, qui en résulte, vise en fait l'Islam et le camp musulman. Les orientalistes distillent savamment ces idées jusque chez les intellectuels musulmans. Leur érudition est sérieuse et leurs études approfondies. Leur but, consciemment ou non, est de corrompre la force de conviction qu'a l'Islam. [...]
    Alors, que faire ? Comment résister à leurs offensives sans enfreindre la tolérance et la liberté de croyance qui, précisément, caractérisent l'Islam par rapport à l'Eglise chrétienne et au judaïsme rabbinique ?

4. Le combat contre les juifs et les chrétiens
    Qutb souligne l'évolution coranique de l'attitude envers les gens du Livre. Certes, dit-il, on peut toujours, même après les versets durs de la sourate 5 et de la sourate 9, avoir avec des individualités juives ou chrétiennes des rapports d'amitié et de soutien mutuel (wilâya non communautaire), c'est cela la tolérance musulmane. Mais il ne s'agit d'aucune espèce de coopération politique ou religieuse. Le judaïsme et le christianisme ne sont plus, depuis l'Islam, des religions. On doit seulement, politiquement, s'acquitter de la protection que les communautés juives et chrétiennes du Proche-Orient ont demandé aux Etats musulmans face à d'autres communautés oppressives, au cours de l'histoire. Dans 9, Tawba, v.29-37, en effet, nous avons, dit Qutb, les décrets terminaux concernant les gens du Livre, y compris les chrétiens. Ils comportent l'ordre de les combattre s'ils s'écartent de la religion de Dieu (l'Islam), jusqu'à ce qu'ils versent la jizya ou se convertissent par conviction personnelle libre. S'ils restent non musulmans, un pacte et un traité sont conclus avec eux, mais qui n'a plus rien à voir avec le pacte de coopération de Médine au tout début. Le combat armé contre les gens du Livre est, par ces versets coraniques, identique à celui contre les autres polythéistes. Ils deviennent l'une des cibles du jihâd. Ils sont, de fait, de connivence effective avec les idolâtres, tout au cours de l'histoire et jusque de nos jours. Ils contrarient l'ordre cosmique, la loi fondamentale de la marche de l'univers (Nâmûs asîl), en rejetant la loi de vie (Sharîa). Même la paix ne peut être que provisoire avec eux. Sachons bien, dit Qutb, que ce combat est idéologique, doctrinal, et non pas foncièrement économique, national ou stratégique. La guerre est donc ininterrompue et intégrale, conclut Qutb dans un texte qui sera repris dans ses Jalons.
    Avec les juifs, les musulmans eurent affaire très tôt, à cause de leur situation économique, culturelle et politique comme arbitre des deux clans rivaux, Aws et Akhwâz, de Médine. Perdant leur leadership, ils deviennent aigris et haineux et s'en prennent à Muhammad comme ils s'en prirent jadis à Moïse. Cette haine est permanente et éternelle, elle leur est devenue naturelle. Elle use de ruses, d'infiltrations, de discussions intelligentes qui sèment le doute et la division. Ils discutent les rites et les interdits alimentaires, sans accepter le nouveau (et ancien) principe selon lequel toute nourriture est foncièrement permis, etc. Il faut les considérer comme des traîtres, des gens sans respect des traités, des hypocrites, amis des mauvais musulmans. Aussi
fallut-il les exclure, sur ordre divin, de Médine, puis de toute l'Arabie. Cet ordre demeure, car leur nature mauvaise n'a pas changé. Ils aiment l'argent et l'usure. La tolérance musulmane demeure, aussi bien, puisque l'Islam refuse nettement leur conversion forcée et toute oppression religieuse ou raciale. Mais il faut éviter d'obéir à des gens du Livre, dans l'administration ou ailleurs. Il ne faut jamais les prendre pour confidents, secrétaires, référence (marja), le résultat en sera toujours catastrophique. Il faut se méfier même des spécialistes, savants et conseillers techniques juifs ou chrétiens : le désastre est écrit par Dieu. Comment, en effet, faire confiance à ses ennemis naturels ? Il faut donc, au contraire, sans cesse rompre tout lien avec eux, y compris des liens de solidarité locale, patriotique, clanique, comme à Médine ou à La Mecque jadis.
    Aujourd'hui, il y a Israël en Palestine, il y a la guerre larvée en Inde et au Cachemire : c'est la même offensive, radicalement, des juifs et des chrétiens, avec le secours des mêmes matérialistes athées. La responsabilité juive est toujours prédominante, depuis Médine jusqu'à nos jours. C'est un juif qui fut à l'origine des "factions" à Médine, et des combats qui s'ensuivirent. C'est un juif qui fut à l'origine des scissions ultérieures, avec le meurtre d'Othmân puis la luttre entre Ali et Muawîya. C'est un juif qui a guidé la campagne contre les Hadîth, contre les relations historiques (riwâyât), contre la Sîra (biographie de Muhammad). Ce sont des juifs qui, plus tard, fomentèrent les campagnes mongoles contre le califat de Bagdad. Ils suscitèrent les mouvements nationalistes contre l'autorité ottomane, lancèrent l'idée de "constitution" et de codes autres que la Sharîa, et finirent par faire abolir le califat par leur héros, Atatürk. Toutes les offensives contre la "résurrection islamique" moderne (bath islâmi) viennent des juifs. Marx, Freud, Durkheim, Bergson sont des juifs, fondateurs de ce courant matérialiste, athée, sexiste, darwiniste, destructeur du sacré et des normes morales. Ils ont pour cible objective l'Islam, qui est la seule religion, etc. Subtilement, les juifs ont d'abord ruiné le regroupement communautaire chrétien par les nationalismes politiques qu'épousèrent des Eglises nationales. Ayant ainsi brisé la forteresse chrétienne qui assiégeait la race juive, dit Qutb, ils ont porté les mêmes armes contre la communauté musulmane, avec, cette fois, l'aide des nationalismes européens en mal de colonies et nostalgiques des croisades.
    Aujourd'hui, ce sont de braves "fedayin-croyants" qui, à l'image même de Muhammad et de ses compagnons, résistent (en 1955) aux offensives juives en Palestine. Le Coran mentionne une seule fois "l'Etat juif de Jérusalem" (détruit), et il dit la fin certaine des "fils d'Israël", tout simplement comme conséquence directe de leur corruption morale (fasâd) : toute leur histoire montre cette consécution. Ainsi de leur sujétion au pouvoir musulman, de leurs expulsions d'Arabie, des dominations multiples qu'ils subirent par la suite, et notamment celle de Hitler, dit Qutb. L'Etat israélien et ses iniquités contre les Arabes de Palestine entraîneront immanquablement, conclut-il, un châtiment terrible, promis par Dieu et avéré par l'histoire qui n'est que la "coutume de Dieu".

5. Conclusions : du Manâr au Zilâl
    La doctrine du Zilâl sur les gens du Livre est à la fois nettement plus radicale que celle du Tafsîr du Manâr, et sensiblement plus cultivée, plus désireuse de connaître le christianisme des premiers siècles. Ce souci, en revanche, n'existe pas concernant le judaïsme et l'histoire juive. [...]
    Comme Ridâ, Qutb estime que les juifs et les chrétiens, aujourd'hui comme au temps de Muhammad, ou bien sont à mi-chemin de l'Islam et proche de la conversion, ou bien refusent explicitement l'Islam (qui est leur vraie religion) et deviennent alors incroyant, sans religion. Mais Qutb pousse plus loin les choses, à cause de sa perspective militante et politique. "Le camp islamique", qui est "le camp de l'humanisme et de la liberté de conscience", est en guerre congénitale et perpétuelle avec le camp de l'asservissement des consciences aux moines et aux rabbins, aux empereurs de droit divin et à leurs successeurs modernes. [...] Ce n'est pas Jésus qu'il accuse d'avoir coupé la foi, la religion, de la vie, de la politique. Il est convaincu que l'Evangile non falsifié par les théologiens, était une charte sociale, politique, juridique. [...] Pour Qutb, c'est finalement l'influence juive depuis la Renaissance qui a conduit à séparer l'Eglise de l'Etat, la religion de la vie sociale et politique. Et la spiritualisation individualiste du christianisme a, selon lui, favorisé l'athéisme et le délabrement moral de l'Occident.
    [...] le regain de l'Islam dans le monde est une chose certaine. La différence entre Ridâ et Qutb, c'est que le premier voulait aider cette logique historique providentielle par la dawa (la mission, le prosélytisme) organisée et financièrement soutenue, tandis que Qutb se concentre sur une dawa politique et militaire, voire subversive, révolutionnaire. La doctrine qutbienne sur les gens du Livre déborde ainsi directement, et de manière pressante, sur l'action politique mondiale et sur une idée offensive du jihâd. [...]
    Ajoutons que le Zilâl, soucieux de mieux comprendre le dogme chrétien et l'évolution moderne de la civilisation d'inspiration chrétienne, se montre en revanche particulièrement entier et simpliste au sujet du judaïsme, des juifs et du sionisme politique en Palestine. On l'a vu, il fait un portrait de la nature du juif, invariable depuis Moïse jusqu'à la guerre israélo-arabe contemporaine. [...] Leur mauvaise foi par intérêt financier est vue comme un trait de leur nature. Comme Ridâ, Qutb reproche aux juifs de se croire "le peuple élu". Mais Qutb ajoute, en termes précis, que c'est désormais le peuple musulman qui a été élu de préférence aux chrétiens et aux juifs, lesquels sont les adversaires naturels et permanents de l'Islam. La promesse faite à Abraham et à Ismaël (et non à Isaac) débouche sur cette umma muslima issue de Qoraysh, les descendants directs, selon Qutb, d'Ismaël, fils d'Abraham. Mais il évite de polémiquer, comme Ridâ, sur la promesse divine de la terre de Palestine aux Arabes et non aux juifs. Pour Qutb, l'arabisme est mis en sourdine ; c'est le complot impérialiste et sioniste contre l'Islam qui l'obsède, avec la certitude de la victoire finale de l'Islam.
    Ainsi, dans la vue du Zilâl, la réflexion sur les croyances des chrétiens et des juifs et sur leur existence politique et religieuse conduit immédiatement à la réflexion sur le combat musulman contre les incroyants et les ennemis de l'Islam, car ils le sont par définition. Dans cette optique, on comprend le sens qu'a Qutb du statut des gens du Livre dans la société islamique à venir et sous un gouvernement islamique : jizya, protection, infériorité juridique, tolérance pour les soumis, pas pour les ennemis ou les intrigants qui minent la communauté musulmane de l'intérieur. [...] Les vues du Zilâl illustrent cette radicalisation confessionnelle à l'égard des communautés juives et chrétiennes locales qui caractérise le mouvement des Frères musulmans : du temps de Bannâ, dans les années 40, incidents contre des juifs égyptiens ; puis, en 1949, prises de position de Muhammad al-Ghazâli mettant en cause le pacte national égyptien de 1919 entre musulmans et coptes ; enfin, dans les années 70, d'une part la revendication de la restauration de la Sharîa, et d'autre part des incidents violents suscités par certaines sections des Unions islamiques dans les universités ou dans des quartiers populaires mixtes. Mais, pour Qutb comme pour ses confrères et disciples, le combat principal n'est pas contre les minorités non musulmanes locales, mais contre l'errance généralisée, et notamment celle des faux musulmans, la masse de leurs frères en religion. Les incidents avec les coptes proviennent peut-être d'un militantisme de la base pour vivre la Sharîa, sans attendre le changement du régime judiciaire et du pouvoir politique."
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